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Jean de Luxembourg à Crécy dans les Chroniques de Jean Froissart

By Christiane Raynaud
Please cite as: Christiane Raynaud, ‘Jean de Luxembourg à Crécy dans les Chroniques de Jean Froissart’, in The Online Froissart, ed. by Peter Ainsworth and Godfried Croenen, v. 1.5 (Sheffield: HRIOnline, 2013), http://www.dhi.ac.uk/onlinefroissart/apparatus.jsp?type=intros&intro=f.intros.CR-JeanDeLuxembourg, first published in v. 1.1 (2011).

Dans les textes des chroniques latines et françaises des XIVe et XVe s. Jean de Luxembourg apparaît en quelques grandes circonstances1 : le procès de Robert d’Artois, les joutes qui accompagnent l’adoubement de son gendre, lors du mariage de sa fille Bonne de Luxembourg, les négociations qui conduisent à la trêve, pendant le siège de Tournai, avant sa fin héroïque à la bataille de Crécy. Le portrait dressé correspond aux biographies chevaleresques. Le prince est courageux, habile jouteur, dévoué à la paix entre chrétiens, loyal et prêt à mourir pour l’honneur2. Jean le Bel le place en tête dans la liste des morts de Crécy: « Si commenceray au plus noble et au plus gentil, ce fut le vaillant roy de Boheme ». Jean Froissart dans son premier Livre des Chroniques, dans la première rédaction ou la seconde, lui consacre un passage célèbre. Ce paragraphe (279) magnifique a été intitulé avec justesse dans l’édition de Peter F. Ainsworth et George T. Diller « Héroïsme de Jean l’Aveugle »3. Dans un ouvrage où dominent la vaillance, l’honneur et la courtoisie, où les hautes emprises survenues pendant la guerre de Cent Ans sont essentielles, l’épisode s’impose comme un temps fort. Il est alors dans toutes les mémoires et constitue une des plus belles pages et une des plus tristes de l’amitié qui unit la France et le Luxembourg. Les enlumineurs qui illustrent les chroniques ont volontiers rappelé ce moment, surtout dans les manuscrits de Froissart où il est proportionnellement plus représenté. Mon propos est de présenter ces images4. Leur utilisation à des fins de propagande est riche d’enseignements5 et confirme l’originalité de l’œuvre du Valenciennois. Le roi de Bohême est borgne depuis 1329, aveugle à partir de 13396 et en 1346 d’un âge avancé. Malgré tout il ne renonce pas à ses activités militaires et compose avec ses infirmités avec succès, combattant à Crécy avec les autres sinon comme eux. Les enlumineurs retiennent en ultime hommage cette prouesse : le handicap s’efface devant le courage, la valeur et la qualité du soldat.

Un défi pour les enlumineurs : Jean de Luxembourg, combattant handicapé

La cécité au XIVe s.

D’après les chroniqueurs, Jean de Luxembourg cumulerait deux handicaps 7 . Le premier, qui tiendrait à son âge, cinquante ans, est peu relevé. ll monte à cheval sans difficulté8 et sa situation n’est pas celle de l’empereur Charles IV9 , pour partie invalide et avec qui il partage la même volonté d’accomplir jusqu’au bout son devoir. Les chroniques rappellent à l’occasion, en quelques mots, les exploits de nobles vieillards dans les joutes, les tournois10 et au combat11 . Ils ne s’en étonnent guère, pères et fils s’y rencontrent ensemble.

Surtout le roi est aveugle; or, en 1346, être dans les ténèbres, comme le diable, reste une situation effroyable12 . La cécité ne permet pas, par exemple, d’accéder à la prêtrise13 . Dans le domaine politique, les Grandes Chroniques de France citent l’exemple de Bernard de Lombardie aveuglé sur ordre de Charlemagne pour qu’il ne puisse jamais régner. Barthélemy l’Anglais dans son encyclopédie résume ce qui est alors le sentiment général :

« Entre toutes les passions sensibles aveugleriez est la plus meschante, car c’est la chartre a l’aveugle. Ceste passion déçoit la vertu délibérative, car il délibère d’aler vers Orient et il va aucunes fois vers Occident. Elle pervertist élection, car, de deux deniers, il prent aucunes fois celui de cuivre et laisse celui qui est d’argent. La misère de l’aveugle est si grande qu’il se soumet à mener, non pas seulement à ung enfant ou à ung garçon, mais à un chien. Aucunes fois, il est mené à telle nécessité que, à passer ung pont ou ung mauvais pas, il est contrainct à plus croire à son chien que à soy mesmes. Derechief, il advient souvent qu’il n’a point de paour es lieux périlleux, où les autres sont en grant doubte, et souvent, où il n’y a nul péril, il se doubte. Derechief, il trébuche souvent en plaine voie, et là où il devoit haulcier le pié, il le baisse et là où il le deust baisser, il le haulse. Il liève les mains en tastant tout entour soy, et quiert la voie à la main et au baston, et est toujours en paour et en doubte. Derechief, quant il est nu, il se répute estre couvert, et, quant tous le voient, il cuide estre mucié et liève les yeulx contre le soleil, mais il n’en voit point la clarté. Derechief, il bat aucunes fois l’enfant qui le maine, mais il en fait pénitence après, car, quant ils viennent à ung mauvais pas, l’enfant le laisse et s’enfuit et l’aveugle demeure tout esperdu. L’aveugle est meschant, car il n’ose en l’ostel riens faire féablement et, au chemin, il a grant paour d’estre laissié de son compaignon »14 .

Les préjugés persistent donc malgré la création en 1254 de la congrégation hospitalière des Quinze-vingt par Louis IX15 . Au début du XVe s. encore, le Journal d’un bourgeois de Paris évoque un divertissement donné aux Parisiens16 :

« On mit en présence quatre aveugles, chacun armé d’un bâton, qui devaient tuer un gros pourceau qui leur appartiendrait s’ils réussissaient. Ainsi fut fait et ce fut une bien étrange bataille et bien cruelle, car ils se donnèrent l’un à l’autre tant de coups de bâton, en croyant frapper le pourceau qu’ils se blessèrent et se seraient bien tués même s’ils avaient été mieux armés. »

Même si l’épisode est présenté comme un trait de cruauté armagnac, il rappelle aussi que le regard des autres a peu changé.

Dans les chroniques, le sort des princes et des nobles handicapés paraît relativement privilégié. Ils ont une vie sociale, sont mariés, figurent dans les banquets et ont des activités politiques. Le handicap ne crée pas un préjugé hostile à leur égard. Il le confirme tout au plus en cas de polémique, comme pour Jeanne de Bourgogne la « male reine », qui est boiteuse17 , ce qui n’est pas d’abord signalé. De même trois chroniqueurs présentent la cécité de Jean comme un châtiment céleste car il a dépouillé, à Prague, le tombeau de saint Adalbert de ses riches ornements. Une anecdote, rapportée par Johan von Viktring, a également valeur de symbole. En février 1342, à la fin d’un entretien avec Albert II d’Autriche, Jean doit tâter les murs pour retrouver la porte que son homologue paralysé n’a pu venir lui ouvrir18 . Malgré leur handicap, l’un et l’autre assument leur fonction et exercent leur souveraineté. La participation aux joutes et aux tournois, comme à la chasse et aux activités militaires, indispensable pour tenir son rang, peut pourtant être entravée par de tels handicaps et pose de rudes problèmes d’adaptation.

Le handicap au combat

La première réaction du roi Jean devenu aveugle est de faire son testament, le 9 septembre 1340, au moment où encore peu habitué à son infirmité, au moins au plan psychologique, il adopte une existence plus sédentaire. Mais, dès la même année, il aide à dégager Tournai et ne tarde pas à reprendre les armes. En toutes circonstances il cherche à dissimuler son infirmité et assiste aux tournois, visière baissée. Aucun chroniqueur français ne décrit les modalités pratiques du maintien de son activité. Une longue pratique des tournois est pour Jean un atout19 . Il l’a maintenu malgré les progrès de la maladie et a donc pu un temps partager le sort des tournoyeurs borgnes ou mal voyants. Les descriptions des fêtes d’armes, malheureusement toutes après 1390, permettent de mieux l’apprécier. Une courte vue n’interdit pas alors de jouter. Lors du pas de la Fontaine des Pleurs décrit avec précision par Olivier de la Marche, Aimé Rabustin, qui doit affronter Jacques de Lalaing à la hache, choisit son arme en prenant : « la première qui luy cheut en la main ». Il retarde ainsi le moment où son adversaire s’apercevra de sa myopie. Puis, quand les deux hommes marchent l’un sur l’autre, il s’arrête au bout de six pas et arrache la visière de sa salade pour mieux voir. Grâce à son expérience et son entraînement, l’affrontement se termine à égalité. Mais, en un siècle, la forme des joutes et des tournois a beaucoup changé.

Au combat, les handicapés semblent nombreux. Dès le début du XIIIe s., Geoffroy de Villehardouin, évoquant le départ pour la quatrième croisade et le moment où le doge Enrico Dandolo prend la croix dans la basilique Saint-Marc, mentionne le caractère émouvant de sa démarche : « car vieus home ere : et si avoit les yeuz en la teste biaus, et si n’en veoit gote ; que perdue avoit la veue par une plaie qu’il ot el chief »20 . Il montre ensuite « li dux de Venise, qui vieux hom ere et goute ne veoit », le gonfanon de saint Marc devant lui, commandant la bataille sous les murs de Constantinople où l’assaut est « grant et merveilleus »21 . Il dirige les opérations, mais il n’est pas décrit en train de donner des coups22 , distinction importante qui se retrouve sous d’autres plumes.

La présence des aveugles au combat ne cesse de susciter des réticences graves, avec cependant une exception pour ceux qui autrefois ont vu et se contentent de donner des conseils. Ainsi dans l’Arbre des batailles23 , traité didactique rédigé à partir de 1386, Honoré Bovet s’interroge sur la possibilité d’emprisonner un aveugle en temps de guerre et sur le problème de sa rançon, à partir d’un exemple :

« Ung pillart a prins ung aveugle et si en veult avoir finance. Mais l’aveugle fait requérir au roy justice et veult sçavoir par les droits se il doit estre prisonnier. Et pour ce, nous en dirons ci aucune chose. Je dy doncques sur cestui débat que, se ung aveugle se mettoit, par sa folie ou par son oultrage, avec les gens d’armes et en celui cas, il estoit pris, que il est digne de avoir pis que ung aultre en corps et en biens24 …. Et la raison si est, car il se mesloit à faire office qui ne lui estoit pas appartenant ne à sa condition et nature convenable. Mais se ung aveugle estoit prins, par fait de guerre vraiment, il devroit tantost estre quitte et délivré par le seigneur, supposé que il eust assez de biens, car il est privilégié quant à prison. Mais se les gens d’armes lui avoient prins ses biens, senon que par grâce lui fut faicte par le roy, puisqu’il seroit riche et qu’il paieroit au roy d’Angleterre impositions ou tailles pour celle guerre maintenir, je cuideroie qu’il les deust perdre. Mais se ung aultre aveugle, qui aultrefois eust veu et sievy la guerre, donnoit conseil au roy d’Angleterre et aux Anglois de faire bataille et d’escheller une bonne ville ou une forteresse ou de faire une embusche, puisque de telles besongnes il s’entremettoit, s’il se retrouvoit prisonnier, à mon advis, il devroit paier fiance. Et ce que j’ay dit de ung aveugle, je dy pareillement de ung sourt ou de ung muet. Car se telles manieres de gens ne se meslent de faire ou conduire faits de guerre, certainement, à mon advis, leurs personnes ne doivent pas estre emprisonnées. Et il en est ainsi, car l’escripture et les droits les appellent misérables personnes, c’est-à-dire que merchy leur est deue ».

Des handicapés de toutes sortes apparaissent incidemment dans les chroniques25 . À Crécy, Godefroi d’Harcourt, qui est boiteux, se bat à pied dans la bataille du Prince de Galles. Son handicap n’est pas mentionné. Il n’apparaît dans Froissart26 qu’au moment de sa mort aux gués de Saint-Clément, en novembre 1356. Dans un terrible corps à corps, les Français ont le dessus et les Anglo-Navarrais fuient. Harcourt décide de vendre chèrement sa peau à la hache : « et se arresta sus son pas, piet avant aultre, pour estre plus fors, car il estoit boisteus d’une jambe, mes grant force avoit en ses bras ». Le pied droit boiteux est en avant, le bon pied sert d’appui à l’arrière. Le personnage sait donc composer avec son handicap, se bat longtemps et avec courage jusqu’à une attaque concertée des Français. Sur l’image du fol. 135, Toulouse, BM, ms. 511 (fig. 1)27 , Harcourt, au premier plan à droite, est à la tête de ses hommes. Rien ne rappelle son handicap, il tient sa place. D’autres, avant lui, l’ont fait. Citons sans prétendre à l’exhaustivité : Olivier de Clisson, borgne depuis Auray28 , Guillaume de Gamaches29 , Jean de Luxembourg, Jean de Beauvoir30 , le Borgne de Chambelly31 , qui ont perdu un œil mais aussi Martel de Basqueville32 et Tabari33 , boiteux. Jean d’Outremeuse34 peut donc inventer de toute pièce, pour exalter la vaillance de la chevalerie liégeoise35 , Colin Maillard, chevalier du pays de Liège, qui ayant eu les deux yeux crevés au cours d’une bataille contre le comte de Louvain, se bat jusqu’à la fin de la journée. Infirmes et handicapés, partiels ou temporaires, font donc partie intégrante de la société guerrière, même si c’est parfois au prix d’un surcroît de courage et d’efficacité meurtrière.

Jean de Luxembourg

Les récits croisés des chroniques laissent entrevoir pour ce souverain les éléments qui sont intervenus dans une décision qui s’est révélée fatale. Le roi de Bohême, à Crécy36 , ne se distingue des précédents combattants que par la gravité de son handicap37 . Jean le Bel38 évoque d’abord l’intervention d’Alard de Bazeilles39 . Puis il suit le récit de Jean de Hainaut et dans la liste des morts précise « ce fut le vaillant roy de Bohême, qui tout aveugle voult estre des premiers à la bataille et commanda sur la teste à coper à ses chevaliers qu’ils le menassent si avant…, qu’il poeut férir ung cop d’espée sur aucun des anemis », une formule40 . Dans les Grandes Chroniques de France, Jean de Luxembourg n’est mentionné qu’au moment du bilan. Froissart, dans la première rédaction de ses Chroniques41 , précise « quoique il fust là armés et en grant arroy, il ne veoit goutes et estoit aveules ». Il donne l’analyse du roi sur le début de la bataille (« C’est uns povres commencemens pour nous ») et rapporte qu’il demande des nouvelles de son fils. Puis il lui prête ce discours : « Signeur vous estes mi homme et mi ami et mi compaignon, je vous pri et requier très especialement que vous me menés si avant que je puisse férir un cop d’espée ». De fait « il ala si avant sus ses ennemis que il feri un cop d’espée, voire trois, voire quatre, et se combati moult vaillamment », comme ceux qui l’accompagnent, « et furent trouvé à l’endemain, sus la place autour dou roy leur signeur et leurs chevaus tous alloiéés ensamble »42 . Dans la troisième rédaction43 , Froissart consacre à la mort du roi autant de lignes qu’à la description du début de la bataille. Au moment du combat, dont tous les hommes d’expérience comprennent qu’il est perdu, Bazeilles reste à ses côtés « liquels estoit dalès li et à son frain », position normale du vassal par rapport à son seigneur. Le roi demande l’heure et s’enquiert de la situation. Il lui est répondu que le soleil est bas et aveugle les Français. La situation est en fait désespérée. Froissart décrit la réaction du roi et les ultimes préparatifs : « La se aloiierent tout li chevalier dou roi par les resnes de lors cevaus ensemble », ce qui est peut-être inspiré de l’habitude d’attacher son épée au corps par une chaîne pour éviter de la perdre au combat44 . Il en donne trois raisons : les chevaliers ne doivent pas se désaligner, perdre de vue leur seigneur, ni s’enfuir45 . Bazeilles prend la direction des opérations, car : « il estoit li plus usés d’armes » et depuis le matin « avoit chevauchiet pour aviser le convenant des ennemis ». Sa décision est réfléchie. Il repère les gens d’armes qui n’ont pas bougé au fond du dispositif anglais et « les bannières dou roi de Boesme, li rois et ses gens tourniierent tant que il vinrent là où les gens d’armes estoient ». Pénétrer si avant dans les lignes anglaises est un exploit. Jean de Luxembourg est placé devant : « et se il euist esté congneus que ce euist esté li rois de Boesme, on ne l’euist pas trétiiet jusques à mort ». Mais il fait presque nuit, l’attaque est dure, dangereuse et « li vaillans homs fu là occis, et tout chil qui avoecques le gentil roi estoient », sauf deux écuyers. Le roi d’Angleterre et son fils, le prince de Galles, « plaindirent par especial moult grandement la mort dou bon roi de Boesme et tinrent son fait à grant vaillance. Et s’en vestirent … de noir pour l’amour de li et aussi pour les aultres ». Selon Froissart, Édouard III gagne une renommée considérable pour avoir vaincu à un contre dix.

Jean de Luxembourg, loin de se suicider46 , a fait un choix dont il convient d’apprécier la valeur au plan individuel et collectif. Le roi, habile à tous les exercices du corps, se bat en aveugle, ce qui ne veut pas dire sans résultat47 . Il peut frapper en tâche, c’est-à-dire sans viser48 , mais ce n’est pas forcément le cas. L’adresse, le courage, la prouesse conduisent dans les tournois des combattants à s’imposer des handicaps, qui permettent de mieux évaluer celui bien réel du roi de Bohême49 . Plus précisément l’homme de guerre50 et le tournoyeur ont l’expérience de l’aveuglement par le soleil, le sable, la sueur, le sang même si tous ne combattent pas comme le Bel inconnu, héros de Renaut de Beaujeu, à cheval, dans une grande salle si noire « que goute n’i pooit veoir »51 . Au tournoi, aucun cavalier n’échappe à un aveuglement momentané. Dès le début, avec deux fentes horizontales en guise de vue pour le casque, la vision est difficile. Avec le heaume de joute en bec, le combattant n’a un champ de vision complet que lorsqu’il se penche en avant, pour charger. Juste avant de porter le coup, il retombe assis sur sa selle dans un mouvement qui lui fait relever la tête. Il est alors aveugle. Pour la joute à outrance, le heaume de guerre a les mêmes inconvénients. Dans les joutes52 , le combattant peut se guider au bruit, dans le vacarme d’une bataille, il ne peut le faire ou du moins pas toujours efficacement. Le Victorial, chronique de Pero Niño53 , décrit un prince grand, beau, mais aveugle, qui entre dans la bataille quand on lui dit qu’il est temps de férir et marche au bruit et donne de rudes coups, jusqu’à ce que les siens le rappellent et le conduisent hors de la mêlée. Un anonyme italien rappelle qu’à Crécy les chevaliers qui accompagnent Jean de Luxembourg l’emmènent d’abord loin de la bataille, le roi s’écrie: « Où sommes nous, que je n’entends pas le bruit des armes »54 . De fait le fracas de centaines d’armes est assourdissant et aux cris de ralliement se mêlent ceux des blessés et des mourants55 . Jean de Luxembourg ne semble pas avoir compté sur ce douteux expédient, mais plutôt sur une tactique efficace.

Dans les corps à corps, les cavaliers sont irrésistibles56 , à Crécy57 , le prince de Galles est d’ailleurs un moment menacé et Thierry de Senselles réussit, sur un beau cheval noir donné par Jean de Hainaut, à traverser toutes les lignes anglaises. En Bohême, comme en France, le premier assaut des cavaliers décide du résultat du tournoi comme de la bataille58 , même si les rangs serrés des cavaliers ne permettent pas de déployer une escrime raffinée et des manœuvres individuelles. Le chevalier du rang a sur ses côtés, comme à l’avant et à l’arrière, des compagnons le serrant de près. L’unique direction possible est d’aller de l’avant. Jean de Luxembourg a nul doute une grande habitude de cette formation de combat, dont il prend la tête épée au poing, car c’est l’arme la mieux adaptée à ce type de corps à corps. Le fait de lier les chevaux peut avoir une valeur plus symbolique59 que pratique. La place en première ligne, de tradition pour le chef, est nécessaire pour galvaniser ses gens et tenter de changer le cours de la bataille. Le roi Jean II, dix ans plus tard à Poitiers, qui « bien avoit sentement et cognissance que ses gens estoient en péril mais, par fait d’armes, il les cuida bien toutes recouvrer », adopte la même tactique.

Prêt comme les autres combattants à faire le sacrifice de sa vie60 , Jean de Luxembourg sait qu’il peut mourir et s’enquiert de la situation de son fils, mais il ne court pas pour autant à une mort certaine. S’il n’ignore pas l’ordre d’Édouard III de ne pas faire de prisonnier, il ne peut penser qu’il s’applique à lui. Il se bat avec un courage exceptionnel, avec dignité, mais sans folle témérité. Compte tenu des circonstances et du code de la guerre61 , la solution qu’il adopte est sans doute la meilleure et celle qui préserve le mieux l’avenir. Les honneurs funèbres qui lui sont rendus, la création de l’Ordre de la Jarretière, l’adoption de sa devise par les Anglais confirment le bien fondé politique de son comportement. Si les flèches des archers, la position d’Édouard III, qui observe de loin le combat et le dirige avec sang froid et le rôle majeur du Prince de Galles au contact de l’adversaire ont fait la différence, le courage de Jean de Luxembourg permet à la maison de France d’échapper au déshonneur. Le vaincu jouit d’un prestige égal aux vainqueurs.

La tâche des enlumineurs est donc difficile. D’ordinaire, pour figurer la cécité, ils dépeignent l’attitude de l’aveugle, son port de tête, son bâton ou son chien62 . Mais Jean de Luxembourg est un prince, il est armé des pieds à la tête et se comporte, ou du moins le souhaite, comme les autres. La difficulté s’ajoute à celle plus commune qui tient à la nécessité d’évoquer des milliers d’hommes, un paysage varié, et de rendre compte de récits de bataille très riches où foisonnent les beaux faits d’armes et les anecdotes63 . Les seize représentations discutées de la bataille de Crécy que nous discutons montrent les réponses apportées à ces défis et permettent de suivre le roi de Bohême jusqu’à ses derniers instants.

L'anonymat

Les enlumineurs, dans un premier groupe de documents, renoncent à individualiser Jean de Luxembourg. Pour des raisons qui ne sont pas toutes politiques64 , son anonymat est complet. Cela tient à plusieurs raisons. Les images représentent le début de la bataille avec le duel d’artillerie des gens de trait, la première charge, mais déjà des morts jonchent le sol et les vaincus fuient. Devant la complexité de la topographie et de la disposition des troupes sur le terrain, certains enlumineurs simplifient. D’autres tentent d’évoquer les caractéristiques du site et élargissent le champ au château où se réfugie le roi de France65 . Ceux des Chroniques de Froissart se distinguent par la force d’une dénonciation de la guerre, qui met l’accent sur les pertes humaines.

Dans l’exemplaire des Grandes Chroniques de France66 conservé à Londres, BL, ms. Cotton Nero E II, fol. 152 verso (fig. 2)67 du début du XVe s., la représentation échappe aux stéréotypes. Sur un fond d’or, dans de modestes reliefs, le combat se réduit à un affrontement de cavalerie68 . Son issue ne fait pas de doute: la bannière brisée du roi de France est au premier plan. Les combattants sont figurés sous une série d’angles différents. L’enlumineur respecte la hiérarchie interne de chaque camp. Les montures des souverains sont caparaçonnées et couvertes de housses. Un mort, dont l’arrière du bassinet s’aperçoit entre les pattes des chevaux, rappelle le caractère meurtrier du combat. La disposition des troupes, le déroulement de la bataille et la confusion sont bien vus. À gauche, les Anglais (16 avec le roi contre 13 Français et un mort) attendent d’intervenir. Le vainqueur est déconsidéré par le comportement de personnages médiocres, au premier plan. Un cavalier, en cotte orange, achève, d’un coup de dague dans le dos, un adversaire qui s’écroule sur le col de sa monture69" . Son voisin, qui vient de l’abattre d’un coup d’estoc, porte une cotte marron. Derrière ce groupe, deux cavaliers couchent leur lance et foncent l’un sur l’autre. Dans un duel emblématique, mais sans réalité, les rois d’Angleterre et de France s’affrontent à l’épée, au centre et en haut d’image, situation valorisante. Édouard III, une plume blanche sur son bassinet, en cotte rouge ne porte qu’un écu armorié, alors que Philippe VI, une plume rouge sur son bassinet, est couvert des lys, dont il est le meilleur défenseur. Son bras droit est levé en arrière, il semble viser la bannière anglaise. L’utilisation de la hache montre que le combat en est à sa deuxième phase et confirme que les Français sont dans une situation désespérée.

Dans l’exemplaire des Chroniques de Froissart du début du XVe s. conservé à Paris, BnF, ms. fr. 2663, fol. 145 verso (fig. 3)70 , le Maître de Boèce renonce à décrire le mouvement des troupes sur le terrain, la situation et le site. Sur un fond géométrique, un sol recouvert d’herbes et de quelques arbustes, le combat se fait à pied71 . Chaque camp occupe une moitié de l’image. Aucun visage de combattant n’est visible. Le « harnois » complet de plaques d’acier et le bassinet protègent uniformément les adversaires: à gauche, les Anglais, onze combattants et un mort, à droite, les Français. Quatre sont dans le feu de l’action. Deux morts empiètent sur l’espace adverse et traduisent l’échec de l’initiative française. L’opposition des stratégies est suggérée par la composition. Le groupe anglais se dispose en coin. La ligne horizontale des casques et les diagonales dessinées par les combattants du premier rang se croisent sur le corps du premier Français, évoquant le bon ordre et l’efficacité du dispositif anglais. Côté français, dominent les lignes verticales et les lignes brisées dessinées par les armes: courage, mais aussi désordre, inefficacité. Les Anglais poussent leur avantage à la lance et à la dague, arme sournoise. Un Français, au premier rang, frappe de taille, ce qui permet à l’ennemi de le blesser. Les autres, pour sauver leur vie dans un combat désespéré, utilisent marteaux d’armes et bec de faucon, qui sortent du cadre. Au premier plan, les corps s’accumulent sur le sol. Un Français, sur le dos, a perdu ses gantelets et son arme, son voisin est tombé sur le ventre, mais les jambes sont de face! Au dessous, un Anglais est à plat ventre. Les blessures à la tête et aux jambes saignent abondamment. Ce charnier et l’anonymat des combattants dénoncent l’horreur d’un combat meurtrier entre chrétiens. Les cottes d’armes, vertes et rouges, se retrouvent dans les deux camps et contribuent à donner l’idée d’une mêlée72 . Pour autant, l’enlumineur ne renonce pas à individualiser les combattants, l’un par un gambison, l’autre par une pansière dont les lacets sont visibles, un autre encore par l’or qui ourle sa cotte…, mais ils ne sont pas identifiables. Dans cette condamnation générale de la guerre réduite à un corps à corps confus et terrifiant, il n’y a pas de place pour les princes. Les anonymes décident de l’issue de la bataille. L’enlumineur sait bien rendre cette mutation fondamentale de la guerre73 .

Dans les fragments des Chroniques de Froissart conservés à Bruxelles, BR, ms. II 88, fol. 5, exemplaire réalisé au début du XVe s. (fig. 4), semble-t-il pour la famille de Coucy74 , le Maître de Giac, avec une très grande économie de moyens, va à l’essentiel. Sur un fond géométrique et dans une prairie sans relief, à droite, la masse des Français de trois quarts face comprend neuf hommes d’armes, en armure de plates et lance au poing, mais déjà blessés au bas ventre. À leurs pieds, neuf de leurs compagnons couverts de multiples blessures gisent sur le sol, entre eux et les archers anglais. Les Français sont tous coiffés d’un bassinet. L’armée anglaise est représentée, de manière polémique exclusivement par une vingtaine d’archers gallois, armés de longbows75 . Bien serrés autour de leur étendard, ils tirent à tir tendu, ne laissant aucune chance à leur ennemi. Ils sont de trois quarts dos. Leur seule protection défensive est la salade, des avant-bras et des gantelets d’acier. La supériorité numérique des Anglais, le recours aux archers, la nature des coups portés, tout vise à discréditer le vainqueur qui n’est pas figuré. Cette absence permet d’occulter le comportement du roi de France. Le roi de Bohême figure au nombre des victimes anonymes, égales dans une mort héroïque et injuste.

Dans le Froissart76 de Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse, enluminé par Loyset Liédet vers 1470-1475 (fig. 5), l’enlumineur donne en bas de page une vision globale77 de la bataille et prend de grandes libertés avec le texte. L’anonymat tient à l’indifférence à l’égard des règles du blason, même pour les principaux protagonistes. Le propos est tout politique. En arrière-plan, sous un ciel pur d’été qui passe du bleu au blanc à l’horizon78 , un paysage de collines et de champs alterne avec des rideaux d’arbres. À droite, les Anglais, fort nombreux, sont en partie dissimulés par une colline. À gauche, une place bien fortifiée sur une éminence évoque les suites de la bataille. Quatre cavaliers progressent vers le château. Le roi est sur un cheval blanc harnaché de rouge, la visière de son bassinet est levée. Le galop met l’accent sur la fuite. La bataille intervient en terrain plat: au premier plan, le duel des gens de trait, au second, la débandade des Français79 . L’épisode du massacre des arbalétriers est ainsi éliminé. L’enlumineur, qui sépare les deux camps par une ligne brisée et le corps couché à plat ventre d’un pavesier, condamne cette violence meurtrière. Les six archers anglais, à droite, sont disposés en deux ou trois rangs de profondeur80 . Trois tirent à tir tendu; un vient juste de décocher sa flèche. Le choix des couleurs et la position de dos du soldat au dernier rang les déprécient. L’enlumineur distingue: les archers sans protection de jambes mais coiffés de salades ou de chapels de fer, leur supérieur, doté de genouillères et enfin le chef, en bassinet doré, visière fermée81. Aucun ne porte de carquois. Seize flèches ne sont pas plantées, comme il est d’usage, mais couchées sur le sol. Les cavaliers, alignés sur le premier rang des archers, attendent armes sur l’épaule, visières fermées sauf le porte bannière sur un cheval blanc. Seul le cheval gris, au fond, qui montre les dents, exprime l’hostilité des cavaliers à l’égard de leurs adversaires qui s’enfuient. Le roi d’Angleterre ne figure qu’au cinquième rang. Il est le seul personnage couronné. Le prince de Galles porte une « oriflamme » rouge d'où le nom de saint Georges a été effacé et une cotte d’armes verte, peut-être en raison de son âge. Son cheval et celui de son voisin tournent la tête comme pour fuir. Des 75 cavaliers anglais environ émergent 18 armes: haches, masses et lances pour les premiers rangs. Enfin, deux hommes de pied, de trois quarts dos et en chausses grises, connotations péjoratives, se portent épée au poing contre les cavaliers. Le trait, remarquable, ne se retrouve pas ailleurs. Les arbalétriers sont au nombre de six. À terre, malgré son pavois, un mort n’a pas eu le temps de tirer. Le premier recharge son arbalète, la cuisse gauche percée d’une flèche. Le second, également blessé, ajuste son coup. La faiblesse de son écartement des jambes rappelle qu’ils se gênent entre eux. Derrière lui, un troisième en chausses marron tente, le coude droit levé, de se prémunir du coup d’épée asséné par un cavalier qui l’immobilise de la main gauche. Un des deux derniers qui fuient armes sur l’épaule, percé de deux flèches se retourne. L’autre est poursuivi par un cavalier. Deux arbalétriers sont coiffés d’un chapeau de feutre à bords roulés, faute d’avoir pu s’équiper à temps. Pourtant l’équipement défensif n’est pas gravement inférieur à celui des Anglais, quatre arbalétriers ont des protections de bras. Mais ces combattants ne constituent pas un corps bien encadré et structuré. Les dix neuf cavaliers français fuient, circonstance aggravante : aucun n’est blessé ou tué. L’un d’eux est monté sur un cheval gris, ce qui suggère une trahison. L’identification des personnages est difficile : qui est le combattant en armure et casque or ? Derrière lui, un cavalier fuit, en plaçant sa targe sur le haut du dos pour se protéger. Le luxe des armures et leur diversité font contraste avec l’homogénéité des équipements anglais. L’inclinaison des bannières et des drapeaux et la disposition en pointe du camp français rappellent qu’ils ont l’initiative d’une attaque désordonnée, les cavaliers intervenant en même temps que les arbalétriers. L’image oppose, terme à terme, bannières et oriflammes mais les Anglais disposent de deux autres drapeaux, indice d’effectifs plus nombreux et mieux encadrés. La représentation, avec ses simplifications abusives, est polémique. La victoire d’Édouard III est due à la supériorité de ses archers et à la cohésion de ses troupes. Mais sont aussi dénoncés les Gallois, la trahison des Génois, la vanité des cavaliers français et surtout leur déroute suspecte, à commencer par celle du roi. La supériorité numérique anglaise, à laquelle l’enlumineur accorde tant d’importance, est aggravée par l’étirement des lignes françaises.

Les enlumineurs, dans ce groupe, en présentant les événements sous un jour conventionnel, rendent compte de l’idée de nombre, de confusion et de l’anonymat des combattants, sans permettre de douter de l’issue du combat.

Le roi chevalier dans le corps de bataille

Un deuxième groupe d’images montre Jean de Luxembourg au premier rang de la cavalerie ou juste derrière le roi de France. Les enlumineurs de Froissart, quand ils ne retiennent pas l’anonymat pour le roi de Bohême, adoptent volontiers cette formule. Cette identification est parfois mal assurée car certains chroniqueurs évoquent, à tort d’ailleurs, la présence d’un autre prince, le roi de Majorque.

Dans les Chroniques de Froissart conservées à Paris, BnF, ms. fr. 2662, fol. 150 verso, manuscrit réalisé pour Charles de Savoisy et Yolande de Rodemach82 , enluminé par le Maître de Giac au début du XVe s. (fig. 6)83 , une grande peinture de la largeur de deux colonnes présente une composition simple et fortement symbolique. Hors du champ circonscrit par le listel, l’enlumineur oppose d’une part les bannières de Charles II d’Alençon84 , de Pierre Ier de Bourbon85 et du roi de Bohême86 et l’immense oriflamme de Saint-Denis aux trois bannières anglaises87 . Les armes d’Angleterre ne sont pas écartelées de celles de France88 . Les Français sont ici sous la protection de Saint-Denis et de Dieu, ce qui donne au combat un tour particulier89 , ce qui n’est le cas que dans moins d’une image sur cinq. L’enlumineur évoque les différentes phases du combat: les archers sont en avant-plan, les cavaliers lances couchées au second, mais le choc n’a pas encore eu lieu. Dans le camp français, l’échelonnement sur plusieurs rangs des cavaliers répond à un ordre hiérarchique: en tête, le roi de France, avec sur son heaume la couronne fleurdelisée, et un lys pour cimier, puis le roi de Bohême, avec une couronne plus simple mais fermée, Bourbon et Alençon. Rien ne laisse deviner le handicap de Jean de Luxembourg. Poing gauche fermé, le roi de France montre son hostilité à son rival. Sa monture est de plus grande taille. Du côté anglais, le roi précède son fils. En iconographie, il est d’usage, pour les grandes batailles où se joue le sort d’un royaume, de montrer la confrontation des chefs, même si sur le terrain les deux personnages ne se rencontrent pas comme ici. La multiplication des protagonistes est frappante: 58 cavaliers français, 46 anglais, pour les gens de pied 53 Français et 44 Anglais, dénombrement difficile, étant donné le mode de représentation adopté, mais qui fournit des proportions intéressantes. Quelques surprises : l’épisode du massacre des arbalétriers est non seulement éliminé, mais les deux camps utilisent le longbow. Du côté anglais, où se trouvent plus de gens de petit état avec trois chapels de fer contre deux du côté français, les blessés sont plus nombreux. Les morts masquent les jambes des premiers rangs du seul côté français et semblent plus provenir du camp anglais que de celui des Français. La défaite de la cavalerie française n’est plus le fait de l’archerie anglaise, dont l’emploi est restreint à la lutte des gens de pied. Les enlumineurs adoptent les préjugés sociaux des lecteurs des chroniques, qui sont des grands seigneurs. De telles déformations montrent à quel point l’acceptation de la défaite est difficile.

Dans le Toulouse, BM, ms. 511, Chroniques de Froissart, réalisé entre 1405 et 141490 pour le libraire Pierre de Liffol et ayant appartenu à Jean Ier, comte de Foix, le Maître de Giac fait preuve d’un sens remarquable de la couleur et de la composition, malgré une extrême économie de moyens (fig. 7). Le fond est géométrique. Un simple dénivelé évoque, avec talent, la position forte des Anglais et l’enluminure montre, pour la première fois, les Français devant gravir cette pente. La tête du cheval du roi est au centre: l’initiative de l’engagement revient aux cavaliers français. La position des gens de pied par rapport au roi d’Angleterre montre qu’ils lui donnent la victoire. Le duel des gens de trait est remplacé par un combat à la lance. Le premier homme d’armes, du côté français, encore armé, est gravement blessé. Son adversaire est lui aussi couvert de sang, détail qui prouve la valeur des combattants. Les Anglais sont au nombre de neuf. Les Français de dix. Les rayures du gambison du piéton anglais ont une valeur péjorative. Au second plan, la cavalerie attend, mais déjà les princes ont abaissé leur lance, prêts à se battre. Seuls les personnages les plus prestigieux sont dotés d’armoiries et d’une armure argentée. Hommes et chevaux disparaissent sous des plates d’acier, pas un visage humain, un animal, ou un arbre, deux formidables machines de guerre lancées l’une contre l’autre. Édouard III, avec une couronne fleuronnée, est au premier rang sous sa bannière à ses armes comme sa cotte. Le Prince noir, derrière lui, est revêtu d’une armure ordinaire, allusion à la volonté, exprimée par le roi à plusieurs reprises, de voir son fils traité comme les autres. Sa bannière et sa cotte portent ses armes. Pour traduire la supériorité numérique des Français, l’enlumineur dispose plusieurs rangs de casques et d’hommes en hauteur et en profondeur et ajoute des lances. L’oriflamme sort du cadre et flotte au-dessus de l’armée, ses flammes se prolongeant dans toute la marge. Il symbolise la protection du saint, peu efficace ici-bas mais toute puissante dans l’au-delà: les preux morts à Crécy ont gagné leur place dans le ciel. Le roi de France couronné est au premier rang, parfait écho de la doctrine selon laquelle il est empereur en son royaume, mais la première bannière, derrière lui, est celle de son allié. Le roi de Bohême, avec une couronne fermée impériale et une cotte armoriée, adopte la même attitude que Philippe VI. Rien ne laisse deviner son handicap. Bourbon est derrière lui avec sa bannière91 .

Dans les Chroniques de Flandre92 de Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse, Paris, BnF, ms. fr. 2799, fol. 223, grisaille rehaussée de couleurs, due à Loyset Liédet vers 1470-1480, l’image (fig. 8) occupe la largeur de deux colonnes, une pour chaque camp. Malgré le panorama, le paysage est simplifié à l’extrême. Au premier plan, un mort à plat ventre, un glaive et une épée. À droite, les Anglais descendent d’une éminence, quelques cavaliers sont de trois quarts dos. L’un des archers est de dos, ce qui est toujours inquiétant, et gaucher. Deux flèches sont plantées au sol devant chacun d’eux, pratique attestée par ailleurs. La cavalerie forme avec ses hommes un angle de quarante cinq degrés, vingt huit cavaliers sont engagés dans le combat. Ils ont des épées et frappent de taille et d’estoc. Une réserve d’une quinzaine d’hommes est à l’arrière sous une bannière aux armes d’Angleterre écartelées de France et un étendard rouge portant une inscription or. Il est difficile de reconnaître le roi ou le prince de Galles. Dans le camp français, les gens de pied93 , vêtus de costumes soulignés d’or, de chausses à décor sophistiqué et une boule or ou un plumet sur le casque, sont loin de leurs homologues anglais mais à la portée de leurs flèches. Onze cavaliers se battent à la lance et à l’épée. Ils frappent de taille. Le roi de Bohême, avec une couronne d’or, charge, épée au poing avec cinq cavaliers au premier rang. Son cheval, harnaché de bleu et d’or, empiète déjà sur le camp adverse. La richesse de l’équipement de son voisin – plumet, selle, targe et harnachement rouge, éperons d’or, lance bleue – montre que l’enlumineur, sans ignorer le rôle des gens de trait, explique la défaite française par des raisons d’ordre moral. Un cavalier à l’arrière, abaisse déjà sa lance pour évoquer la succession des charges. Vingt et un autres regardent le désastre sans intervenir. Le cheval du porte-drapeau tourne la tête vers la gauche, comme pour fuir. Le roi de France, son voisin, est coiffé d’une discrète couronne d’or, il est de petite taille. Bannières et oriflammes donnent des indications contradictoires sur la direction du vent. L’absence de l’oriflamme de Saint-Denis évite de le mêler à une défaite et rappelle que son utilisation est réservée aux croisades et à la juste défense du royaume. Un siècle après Crécy, l’enlumineur, qui travaille pour Louis de Bruges, donne une représentation non dénuée d’arrière–pensées politiques: Philippe VI est ménagé, mais déconsidéré, son armée jugée trop riche. Jean de Luxembourg est le héros de l’affrontement. L’armée anglaise se distingue par des effectifs plus nombreux, une organisation plus ferme du premier corps de cavalerie, des réserves importantes et des archers efficaces. Ces derniers ne sont toujours pas responsables de la défaite de la cavalerie française.

Dans l’exemplaire des Chroniques de Froissart du XVe s., Paris, Arsenal94 , ms. 5187, fol. 135 verso, enluminé à Bruges et contemporain du précédent, l’image (fig. 9) est en bas de page sous la rubrique en rouge: « Cy parle de la bataille de Crecy entre le roi dangleterre et le roy de France ». Sous un ciel bleu qui blanchit à l’horizon, le paysage est lunaire. L’image évoque le début de l’engagement, le duel des gens de trait. Une ligne diagonale sépare les deux armées et rappelle que l’initiative revient aux Français, mais qu’ils sont battus. Au premier plan, en bas à gauche, un arbalétrier est transpercé d’une flèche dont l’empennage est exagérément agrandi. Il n’a pas eu le temps de charger son carreau. Trois autres, bien alignés, tentent de faire face; ils utilisent leurs armes à tir tendu, les carreaux sont encore engagés, déjà l’un d’eux est blessé au ventre et à la jambe. La qualité du décor de son armure, sa protection de jambe et son casque laissent penser qu’il est le chef des arbalétriers. Aucun ne porte à la ceinture le crochet nécessaire pour charger l’arbalète. Quatre archers anglais, signalés par une croix rouge, sont disposés en quinconce sur deux rangs et visent à tir tendu leurs adversaires. Ils n’ont pas de carquois. Cinq flèches jonchent le sol. L’image, dans le détail, rend mal leur supériorité. Les 24 cavaliers anglais sont de trois quarts face, cinq lances dominent le groupe. Édouard III est au premier rang, sur son casque une mince couronne d’or. Sa bannière montre des armes: coupé de France moderne en chef et d'Angleterre en pointe, dont la partition n’est pas celle habituelle, l’écartelé. À sa droite, avec un plumet rouge, le prince de Galles. Trois lances dominent la cavalerie française. Les 33 cavaliers regardent leurs adversaires, alors que les Anglais suivent avec attention le comportement de leurs archers. Un roi, au premier rang et plus grand que les autres, tient la bannière de France, il semble prêt à affronter le prince de Galles. Il porte sur son casque, une couronne, un collier autour du cou95 , son écu pourrait laisser à penser qu’il s’agit du roi de Majorque; à sa droite, un autre personnage couronné, peut-être Jean de Luxembourg. La richesse du harnachement des montures est une critique. La présence de Jean de Luxembourg, ou du moins de deux souverains, aggrave le déséquilibre entre les deux armées et rend la défaite encore plus insupportable.

L'ultime combat

Jean de Luxembourg est figuré dans la mêlée où il se bat jusqu’à être mortellement blessé. Les enlumineurs de Froissart sont plus réticents à montrer ce moment, à la différence de ceux des Grandes Chroniques de France et surtout de la Chronique d'Angleterre.

L’exemplaire Paris, BnF, ms. fr. 2651, fol. 189, des Chroniques de Froissart96 du XVe s., donne une version singulière de l’approche de l’instant fatal. Le dessin (fig. 10) à l’encre bistre, qui occupe un peu moins de la moitié supérieure de la page, présente la particularité, par rapport à toutes les autres images, de ne pas avoir de cadre, ce qui établit une relation plus étroite avec le texte. Le dessinateur tente de suivre au plus près le récit tout en simplifiant. À gauche, en arrière plan, sur une éminence, le moulin, puis le roi d’Angleterre qui dirige les opérations au milieu de ses lieutenants. Un de ses sept hommes, au premier rang, tient une hache d’armes, pour mieux assurer sa sécurité. En bas de l’image, sept chevaux sont gardés par deux valets qui les retiennent. Les cavaliers, à pied, bien ordonnés autour du prince de Galles, tous en armure de plates complètes et armés de lances et de haches, partent à l’assaut. Ils sont précédés de trois archers qui couvrent de flèches les Français, d’abord à tir courbe, puis au premier plan à tir tendu. Pour évoquer leur sinistre efficacité meurtrière trois corbeaux noirs volent au-dessus du camp français. Ces derniers ont également mis pied à terre. En première ligne, un homme d’armes s’apprête à frapper avec un marteau d’armes de cavalier. Derrière lui, dans la masse, un cavalier porte un turban sur son casque. Dans les rangs, le roi de Majorque se bat à visage découvert comme le roi de Bohême. À pied, épée au clair posée sur l’épaule, Jean de Luxembourg ne regarde pas dans la direction de l’ennemi à la différence de son homologue majorquin. Il est conduit au combat par deux de ses hommes qui l’ont pris chacun par un bras. À droite, le roi de France avec trois autres cavaliers, gravit au galop la colline conduisant au château où il trouve refuge. L’évocation du roi de Bohême, sans être exacte ni vraisemblable, est une des plus fidèles à l’esprit du texte et une des plus émouvantes.

Dans l’exemplaire de Londres, BL, Sloane, ms. 2433, C., fol. 69 verso des Grandes Chroniques de France, enluminé par le Maître de l’Histoire ancienne jusqu’à César, à Paris, vers 1410-142097 , en grisaille rehaussée de couleurs, la bataille (fig. 11) se trouve réduite au corps à corps qui suit la charge de cavalerie. Sur un champ parfaitement plan, les Français et les Anglais s’affrontent en nombre presque identique et avec le même équipement. De chaque côté, se trouvent au premier rang deux cavaliers, coiffés du grand bassinet, utilisé aussi au XVe s. dans les tournois, et derrière deux autres cavaliers du côté anglais, trois du côté français avec une simple cervelière et un gorgerin de mailles. Aucune armoirie ne figure sur les écus, une trace seulement sur la bannière anglaise. Les Français du dernier rang tournent déjà la tête pour s’enfuir. À l’arrière-plan, un Français et un Anglais chargent à l’épée, prêts à frapper un coup de haut. Au premier plan, le roi d’Angleterre couché sur sa lance transperce l’aine du roi de Bohême qui tombe à la renverse. Il tient son écu au bras gauche, mais n’a aucune arme dans la main droite. Sa main semble avoir quitté l’épaule ou l’écu de son compagnon qui charge à l’épée et dont il ne s’est pas dissocié dans la charge.

La fig. 12 appartient à l’exemplaire des Grandes Chroniques de France98 réalisé, vers 1455, en France du Nord et enluminé par Simon Marmion et le second Maître des Grandes Chroniques, à la demande de Guillaume Fillastre pour Philippe le Bon99 . Le texte pour Crécy est celui de l’Histoire et Chronique de Flandre. L’enlumineur accorde un soin particulier au cadre avec un moulin, une place forte, et surtout, à l’orée de la forêt, les chariots anglais qu’il est le seul à montrer, à droite, les eaux de la Somme et sur un éperon le château que Philippe VI rejoint dans sa fuite. Les Anglais, en bas à gauche, sont identifiables grâce à leur écu à croix rouge et à leurs bannières. Les six bannières françaises traduisent une supériorité numérique, qui ne peut pourtant empêcher le désastre. Des chevaux sont morts, motif relativement rare, et des cavaliers s’enfuient. Au cœur de la mêlée, le roi de Bohême, couronné et en cotte rouge, est percé d’une lance. Sa main droite paraît tenir une arme, mais il ne peut ajuster son coup. Son voisin le « moine de Baselle », porte des armoiries sable et or, et un chapel de fer. À peu de distance, peut-être le corps d’Alençon.

Dans les Cronicques d'Engleterre de Jean de Wavrin, seigneur de Forestel, Paris, BnF, ms. fr. 76, manuscrit de Louis de Bruges enluminé par le Maître de la Chronique d’Angleterre, vers 1470-1490, les armoiries de France dans la marge inférieure sont repeintes100 . Au fol. 144 (fig. 13), l’enlumineur a le souci de rendre compte plus étroitement du texte. Il évoque, sous un ciel palissant avec la tombée du jour, le moment fort de la bataille, qui se déroule dans un creux entre une colline et des hauteurs escarpées. Un chemin conduit à la place forte où le roi de France trouve refuge. La bataille se réduit à un affrontement de cavalerie. La cohésion des huit cavaliers anglais fait merveille, même si de leur côté gît un cadavre défiguré et couvert de sang. Deux sont déjà fort avant dans les lignes françaises, trois au contact avec le roi de Bohême et ses gens. Trois autres chargent, épée pointée pour frapper d’estoc et tuer. Un Français tombe à la renverse, un autre s’est effondré sur le dos de son cheval, le troisième est à terre, couché à plat ventre. Alors que les Anglais sont disposés en profondeur sur plusieurs lignes, les Français sont sur une seule. Au fond, un fuyard est transpercé de dos par une lance. Des cottes de couleur, à décor non héraldique, rompent la monotonie des armures. La couleur de la robe des chevaux suggère que la composition des deux corps d’armée est différente. Des deux côtés, leur encolure est protégée par un caparaçon. Seules les montures des Français ont la croupe couverte de demi housse. L’artiste représente du côté anglais, trois lances noires, trois rouges et une épée, qui forment une haie formidable contre laquelle se brise le courage des Français. L’image est une des rares à donner au roi de Bohême, reconnaissable à sa couronne d’or, un rôle central. L’enlumineur représente par un trait noir les liens qui l’unissent à deux de ses compagnons. Le roi est en tête. Ses trois chevaliers sont en arrière: deux sont sans armes, seul le dernier est armé d’une épée. Tous ont des éperons d’or. Revêtu d’une armure noire sans cotte armoriée, Jean de Luxembourg est monté sur un cheval blanc, harnaché de pourpre et d’or. Il tient les rênes à deux mains. Le corps est incliné vers l’arrière sous le choc d’une lance. Le coup n’est pas décrit dans le texte mais dans d’autres sources. Le cavalier anglais, qui le donne, a une cotte rouge et or, son cheval est blanc, avec une housse bleu et rouge, peut-être le Prince noir. La convention qui consiste à représenter sur le champ de bataille l’affrontement en combat singulier des chefs, est respectée. La composition évoque avec difficulté la mêlée: une pointe d’épée est dirigée vers la poitrine du roi de Bohême mais elle arme un des siens. Un cavalier de trois quart dos, au premier plan, frappe de taille, à revers, sur un objectif difficile à déterminer. La prouesse du roi et de ses trois compagnons ne tient pas face à la détermination et à la discipline des Anglais qui mènent un combat à outrance, pour reprendre le vocabulaire des tournois.

Le héros est mort

Dans un autre exemplaire des Cronicques d'Engleterre de Jean de Wavrin101 , dont le propriétaire n’est malheureusement pas identifié, Jean de Luxembourg est mort (fig. 14). L’image montre une ville forte dans un lointain bleuté pour évoquer la tombée de la nuit et sur une des trois éminences, un moulin. Dans le quart inférieur s’affrontent les gens de pied. Au centre, une bombarde entourée de boulets en pierre. À gauche, un mort, sur le dos, jambes repliées, et deux hommes qui se battent à l’épée à deux mains. À droite, un Anglais de profil, en chausses vertes et avec une targe, brandit un sabre et achève un homme qui a déjà un genou à terre. La bannière de France gît sous les pattes d’un cheval mort. Sur son encolure, le roi de Bohême s’est effondré mortellement blessé. Au sol, l’épée qui ne lui a pas permis de se défendre. Dans le tiers central de l’image à gauche, le gros de l’armée anglaise, treize hommes, attend d’intervenir. Au premier rang, le visage nu et l’épée au poing, Édouard III, couronné, affronte Philippe VI à l’épée; il est appuyé par un cavalier sur une monture noire et de face. La lance d’un cavalier anglais est placée par la composition à hauteur de la tête du roi. Derrière lui, un Français se bat à l’épée, un de ses compagnons renonce à affronter l’Anglais qui s’est porté le plus avant dans les lignes françaises et trois autres s’enfuient. Les pattes et le ventre des chevaux paraissent couverts de boue. La bannière anglaise, à proximité de la place forte, suggère que la victoire rend inéluctable la prise de la ville.

Dans les Chroniques de Froissart102 Besançon, BM, ms. 864, fol. 138, enluminé par le Maître de Giac au début du XVe s. (fig. 15), Jean de Luxembourg figure désormais parmi les morts qui gisent sur le sol au premier plan. L’enlumineur renonce à évoquer le site et le paysage. Le fond géométrique où dominent les diagonales et les lignes brisées occupe près du tiers de l’image. Les combattants, tous à pied, sont recouverts de plates et coiffés de chapels de fer ou de salades. Des braconnières en forme d’écailles et une cotte colorée, dans chaque camp, rompent l’uniformité. L’enlumineur rend compte par la composition de quelques idées fortes: la supériorité numérique des Français, vingt quatre contre dix neuf Anglais, et pour les morts, six contre deux. Deuxième idée, les Français ont l’initiative du combat, ils dépassent largement le milieu de la miniature. Sur huit lances, deux sont couchées, six sur l’épaule des combattants. La défaite tient au défaut de commandement, non à l’indiscipline de combattants bien alignés. Troisième idée, la cohésion du corps expéditionnaire anglais avec une lance couchée, deux en train de s’abaisser et quatre sur l’épaule, lui donne la victoire. Édouard III et Philippe VI ne sont plus figurés. Jean de Luxembourg, avec une couronne fleuronnée et une cotte d’armes azur et or pour rappeler son attachement à la Maison de France, est au premier rang couché à plat ventre, bras en avant. Ses nombreuses blessures laissent échapper des flots de sang.

Le manuscrit New York, Pierpont Morgan Library, ms. M. 804, réalisé pour Pierre de Fontenay et Marie de Broyes103 , et enluminé par le Maître de Boèce dans les années 1418-1420, est remarquable104 . Il est le seul à évoquer Jean de Luxembourg deux fois, vivant au cœur de la bataille et ensuite parmi les morts insignes. Au fol. 101 verso l’enlumineur associe de manière très neuve une représentation de la bataille de Crécy et dans les marges105 un armorial des combattants. On a pu penser que ce dernier constituait une chapelle ardente, hypothèse séduisante et en partie vérifiée, mais certaines bannières appartiennent à des combattants morts un peu avant Crécy, ou parfois longtemps après. La bataille se déroule sur un fond à décor géométrique de petits losanges or et bleu. Ils dessinent des lignes et créent une verticalité accentuée par les hampes de l’oriflamme et des bannières anglaises, qui flottent hors cadre. Pour rendre compte de l’initiative française, l’oriflamme dans la marge de tête dépasse l’axe central de la miniature. Une douzaine de cavaliers français charge leurs adversaires dans une plaine à l’herbe encore verte, qui se découvre derrière une éminence rocheuse en bas à gauche de l’image. Le roi de France est reconnaissable à sa couronne, son cimier à fleur de lys héraldique, et sa cotte d’armes fleurdelisée (armes de France moderne), qui flotte sur son armure. Au second plan, entre Philippe VI et le porte-oriflamme, sont représentés trois combattants prestigieux: Bourbon, puis en cotte bleu au décor végétal or, Jean de Luxembourg et Alençon, qui vont perdre la vie dans l’attaque. L’encolure des chevaux est protégée par un caparaçon d’acier articulé et leur harnachement est identique dans les deux camps106 . Les cavaliers sont dotés de longs éperons. Le cheval du roi de France est le plus clair. Tous les combattants sont en harnois blanc complet, la courroie de cuir de la genouillère droite du roi est visible. Ils sont coiffés de bassinets à bouche de grenouille. Les quatorze Anglais sont étagés en hauteur pour rendre compte de leur forte position. Le roi d’Angleterre tient sa lance couchée sous le bras gauche, notation péjorative. La tête des chevaux anglais est plus haute et s’enfonce dans les rangs français, annonçant la victoire. Le porte-bannière d’Édouard III montre du poing gauche son hostilité à ses adversaires. Le roi est revêtu d’une cotte plus longue que celle de son homologue et aux armes d’Angleterre: de gueules à trois léopards d'or. Il porte une couronne d’or fleuronnée. Derrière lui, le Prince noir est revêtu de la même cotte, un lambel argent brochant sur les armes d’Angleterre. Sous les pieds des chevaux anglais, un monceau de cadavres, ceux de dessous couchés sur le ventre; celui sur le dessus, tombé à la renverse, a perdu son casque. Il est mort, ses yeux ouverts fixent le lecteur. Deux blessures graves au cou et à la poitrine saignent abondamment. Ses cheveux sont sans couleur. Le sabot du roi de France semble le frapper au visage. L’image souligne la détermination des Français et le grand nombre de victimes de part et d’autre. La place accordée au roi de Bohême à côté du roi, mais en retrait par rapport au porteur de l’oriflamme et à Bourbon, paraît conforme à la chronologie des opérations, contredite par la présentation hiérarchique de l’armorial.

Comme cela avait déjà été signalé par Léon Mirot107 les bannières alignées à gauche sont françaises et contournées108 et celles de droite sont anglaises. Elles sont au nombre de 16 du côté français en incluant l’initiale aux armes de Pierre de Fontenay, seigneur de Rance et de 17 du côté anglais. Pourtant, dans la marge de tête au-dessus du titulus, l’oriflamme de Saint-Denis occupe plus de 60% de la largeur de la miniature, alors que les 40% restant sont partagés entre la bannière d’Édouard III et du Prince noir109 . La surface totale occupée dans la page est donc en quelque sorte équivalente pour les deux partis. La première bannière à gauche est celle de Jean de Bohême ou plus exactement celle de l’Empire (d'or à l'aigle de sable, armée, béquée et lampassée de gueules)110 , ensuite de haut en bas, Pierre Ier de Bourbon, duc de Bourbon, comte de la Marche111 (d'azur, fleurs de lys sans nombre, l'écu brisé d'un bâton ou cotice de gueules), Guillaume Ier de Namur, marquis de Namur (d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules et à la cotice de gueules brochant sur le tout)112 , Amédée VI le Vert, comte de Savoie (de gueules à la croix d'argent)113 , Eudes IV de Bourgogne114 (bandé d'or et d'azur de six pièces, à la bordure de gueules)115 , Louis II de Sancerre (d'azur à la bande d'argent côtoyée de deux doubles cotices potencées et contrepotencées d'or)116 , Humbert II dauphin de Viennois (d'or au dauphin d'azur crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules)117 , le comte d’Auvergne (de gueules à la bande d'or)118 , Louis Ier de Flandre (d'or au lion de sable armé et lampassé de gueules)119 , Louis Ier de Blois-Châtillon (de gueules aux trois pals vairé d'argent et d'azur, au chef d'or au lambel d'azur)120 , Jean IV d’Harcourt (de gueules à deux fasces d'or)121 , Robert V de Wavrin (d'azur à un écusson d'argent en abîme)122 , le sire d’Aubigny (d'argent à la fasce de gueules à trois besants d'or), le seigneur de La Tour et d’Oliergues (d'azur semé de fleurs de lys d'or à la tour d'argent maçonné du même)123 .

Pour les Anglais, les bannières sont les suivantes en partant du haut pour aller en bas à droite : Édouard III (de gueules à trois léopards d'or), le prince noir (de gueules à trois léopards d'or au lambel d'argent brochant sur le tout)124 , Hainaut (?) (d'or à deux lions de sable rampant en I et IV), Arundel (de gueules à un lion d'or rampant), Guy de Beauchamp, comte de Warwick (de gueules à 6 croisettes d'or à la fasce d'or), Robert de Ufford, comte de Suffolk (de sable à la croix d'or engrêlée), / Renaut/Reginald de Cobham (de gueules, au chevron d'or, chargé de trois étoiles rayonnantes de sable), Jean de Denisy (d'or au chevron de gueules), Chandos (d'argent à la pile de gueules à la merlette d'or, Jean II d’Harcourt (de gueules à deux fasces d'or, chargé en chef de trois billettes d'azur), William de Latimer (de gueules à la croix potencée d'or), Roger de la Ware (de gueules semé de lys d'argent au lion de même), Robert de Clifford (échiqueté d'or et d'azur, à la fasce de gueules), William de Audley (de gueules fretté or), Thomas de Berkeley (de gueules semé de croix pattées d'argent au chevron de même), Henry de Cobham (de gueules semé de lys d'or à la croix d'argent), Robert Neville (de gueules au sautoir d'argent). L’armorial qui présente par ordre hiérarchique rois, princes, ducs, comtes, bannerets et écuyers subit ici quelques aménagements. La position des bannières françaises et anglaises reflète cette hiérarchie de haut en bas et de droite à gauche. Elle donne des équivalences dans les deux camps et surtout enrichit le texte en indiquant comment, plus d’un demi-siècle après la bataille, les principaux protagonistes sont passés à la postérité.

Conclusion

Dans les représentations de Crécy de la fin du XIVe s. et du XVe s., les peintres tentent d’expliquer la défaite en termes contemporains pour leurs lecteurs, à partir des récits des chroniques, recopiés jusqu’en fin de période et qui, malgré les variantes d’un exemplaire à l’autre changent peu, les faits dans leurs grandes lignes étant établis. Les illustrations varient en fonction de la date et du lieu de réalisation, des artistes, du commanditaire et du premier propriétaire de chaque manuscrit. Elles peuvent être regroupées selon différents critères. Certaines sont de même style ou fort proches et sans doute inspirées les unes des autres. Elles peuvent aussi être classées d’après leur degré d’exactitude par rapport aux faits et aux realia ou en fonction de leur fidélité par rapport au récit. Les différences d’une image à l’autre sont parfois considérables. Les relations avec les textes et les faits peuvent être étroites ou au contraire très lâches. En s’attachant plus particulièrement à la figuration du roi de Bohême et en croisant ces différents critères, il est possible de mieux approcher la culture, les préoccupations et les points de vue des artistes et de leur patron. Dans une première série d’images, la présence de Jean de Luxembourg et la supériorité numérique française donnent plus de prise aux considérations morales. À l’inverse, quand les Anglais sont plus nombreux, l’explication rassurante montre à quel point il est difficile de tirer les leçons de l’échec. Le mérite de la victoire ne revient qu’une fois aux gens de trait pour mieux déconsidérer le vainqueur. Dans une seconde série composée d’images tardives, la supériorité de l’équipement offensif anglais, désormais obsolète, n’est plus comprise. Les enlumineurs opposent dans un souci didactique aux carences stratégiques et tactiques françaises, la qualité et la cohésion du dispositif anglais.

Dans les images de la fin du XIVe s. où le désastre est peu évoqué, Jean de Luxembourg n’échappe à l’anonymat que sous forme de cadavre, car sa conduite valeureuse est en soi une critique à l’endroit des princes qui n’ont pas eu son courage. Ensuite le roi de Bohême, allié exemplaire, est donné en modèle aux uns et aux autres. Les représentations les plus nombreuses datent du début du XVe s. L’image a alors sans doute pour fonction d’exorciser la défaite d’Azincourt, en rappelant que le royaume a déjà subi une épreuve comparable et qu’il s’en est relevé, d’où l’insistance sur la valeur des combattants au détriment parfois des données les plus objectives. Au milieu du XVe s., dans l’espace bourguignon, l’accent est mis de façon polémique sur la fuite du roi de France. La place modeste consentie par les enlumineurs de l’espace français à Jean de Luxembourg est donc à la mesure de leur embarras face à l’incurie de leur souverain naturel, non de leur admiration pour ce prince idéal.

Christiane Raynaud, Université de Provence

Légende125

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Fig. 1 - Toulouse, BM, ms. 511, fol. 135, Froissart, Chroniques, bataille des gués de Saint-Clément
Fig. 1 - Toulouse, BM, ms. 511, fol. 135, Froissart, Chroniques, bataille des gués de Saint-Clément.

Fig. 2 - Londres, BL, ms. Cotton Nero E II, part 2, fol. 152 verso, by permission of the British Library, Grandes Chroniques de France. Image non disponible.

Fig. 3 - Paris, BnF, ms. 2663, fol. 145 verso, Froissart, Chroniques
Fig. 3 - Paris, BnF, ms. fr. 2663, fol. 145 verso, Froissart, Chroniques.

Fig. 4 - Bruxelles, BR, ms. II, 88, fol. 5, Froissart, fragments des Chroniques
Fig. 4 - Bruxelles, BR, ms. II 88, fol. 5, Froissart, fragments des Chroniques.

Fig. 5 - Paris, BnF, ms. 2643, fol. 165 verso, Froissart, Chroniques.
Fig. 5 - Paris, BnF, ms. fr. 2643, fol. 165 verso, Froissart, Chroniques.

Fig. 6 - Paris, BnF, ms. 2662, fol. 150 verso, Froissart, Chroniques
Fig. 6 - Paris, BnF, ms. fr. 2662, fol. 150 verso, Froissart, Chroniques.

Fig. 7 - Toulouse, BM, ms. 511, fol. 104, Froissart, Chroniques
Fig. 7 - Toulouse, BM, ms. 511, fol. 104, Froissart, Chroniques.

Fig. 8 - Paris, BnF, ms. 2779, fol. 223, Chroniques de Flandre
Fig. 8 - Paris, BnF, ms. fr. 2779, fol. 223, Chroniques de Flandre.

Fig. 9 - Paris, Arsenal, ms. 5187, fol. 135 verso, Froissart, Chroniques. Image non disponible.

Fig. 10 - Paris, BnF, ms. fr. 2651, fol. 189, Froissart, Chroniques
Fig. 10 - Paris, BnF, ms. fr. 2651, fol. 189, Froissart, Chroniques.

Fig. 11 - Londres, BL, ms. Sloane 2433, C, fol. 69 verso, Grandes Chroniques de France. Image non disponible.

Fig. 12 - Saint-Pétersbourg, Erm., ms. fr. 88, fol. 421, Grandes Chroniques de France. Image non disponible.

Fig. 13 - Paris, BnF, ms. fr. 76, fol. 144, Jean de Wavrin, Cronicques d'Engleterre
Fig. 13 - Paris, BnF, ms. fr. 76, fol. 144, Jean de Wavrin, Cronicques d'Engleterre.

Fig. 14 - Paris, BnF, ms. fr. 87, fol. 117, Jean de Wavrin, Cronicques d'Engleterre
Fig. 14 - Paris, BnF, ms. fr. 87, fol. 117, Jean de Wavrin, Cronicques d'Engleterre.

Fig. 15 - Besançon, BM, ms. 864, fol. 138, Froissart, Chroniques
Fig. 15 - Besançon, BM, ms. 864, fol. 138, Froissart, Chroniques.

Fig. 16 - New York, PML, ms. M. 804, fol. 101 verso, Froissart, Chroniques
Fig. 16 - New York, PML, ms. M.804, fol. 101 verso, Froissart, Chroniques.

Notes

1 Avant 1322, il paraît à la cour d’Avignon et à Paris en visite, mais quand sa s?ur épouse Charles IV, il n’est pas là. En 1324, il combat pour le roi de France en Lorraine et en 1328 contre les Flamands… cf. Théodore-Joseph Puymaigre, « Jean l’Aveugle en France », Revue des questions historiques, 1892/07, A 27, nouvelle série, t. 8, p. 391-452 ; Raymond Cazelles, Jean l’Aveugle : Comte de Luxembourg, roi de Bohême, Bourges, Tardy, 1947 ; Carl D. Dietmar, Die Beziehungen des Hauses Luxembourg zu Frankreich (1247-1346), Cologne, 1983 (Kölner Schriften zu Geschichte und Kultur 5) ; Jörg K. Hoensch, Die Luxemburger - Eine spätmittelalterliche Dynastie gesamteuropäischer Bedeutung 1308–1437, Verlag W. Kohlhammer, Stuttgart 2000.
2 Werner Paravicini, « Rois et princes chevaliers (Allemagne, XIIe-XVIe siècles) », Les princes et le pouvoir au Moyen Âge, XXIIIe congrès de la SHMESP, Brest, mai 1992, Paris, Publications de la Sorbonne, 1993, p. 9-34 (Série Histoire ancienne et médiévale 28).
3 Jean Froissart, Chroniques, Livre Ier (première partie, 1325-1350) et Livre II rédaction du manuscrit de New York Pierpont Morgan Library M. 804, éditions et textes présentés et commentés par Peter F. Ainsworth et George T. Diller, Paris, Librairie Générale Française, 2001, Lettres Gothiques 4556, p. 16. Sur les mécènes de Froissart et leur rôle: Nigel Wilkins, « A pattern of patronage: Machaut, Froissart and the houses of Luxembourg and Bohemia in the fourteenth century », French studies, A Quarterly Review 37-3, 1983, p. 257-284 ; Marie-Thérèse de Medeiros, « Le pacte encomiastique: Froissart, ses chroniques et ses mécènes », Le Moyen Âge. Revue d’Histoire et de Philologie 94: 2, 1988, p. 237-255 ; Frank, Kirsch, « Mécénat littéraire à la maison de Luxembourg l’exemple de Guillaume de Machaut et Jean Froissart », Le Luxembourg en Lotharingie. Mélanges Paul Margue, éd. P. Dostert et al., Luxembourg, éd. Saint-Paul, 1993, p. 321-337; Michel Zink, « Froissart de l’apogée mortel au déclin vivant », Apogée et déclin, Provins, 1991, éd. Claude Thomasset et Michel Zink, Paris, P.U.P.S., 1993, p. 129-138 (Cultures et civilisations médiévales 8) ; Jean Devaux, « From the court of Hainault to the court of England: the example of Jean Froissart », dans Christopher Allmand, War, Government and Power in Late Medieval France, Liverpool, LUP, 2000, p. 1-20, et surtout Godfried Croenen, « Froissart et ses mécènes: quelques problèmes biographiques » dans Froissart dans sa forge. Actes du colloque réuni à Paris du 4 au 6 novembre 2004 par Michel Zink, textes rassemblés par Odile Bombarde, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, Collège de France, 2006, p. 9-32. Sur l’historien : George Coulton, The Chronicler of European Chivalry, Londres, 1930 ; Peter F. Ainsworth, Jean Froissart and the Fabric of History. Truth, Myth and Fiction in the Chroniques, Oxford, Clarendon Press, 1990 ; John J. N. Palmer, « Book I (1325-1378) and its sources », in Froissart Historian, Woodbridge, Suffolk, 1981, p. 7-24 ; Jean-Marie Moeglin, « Froissart, le métier d’historien et l’invention de la Guerre de Cent ans », Romania, 124 (2006), p. 429-470. Pit Péporté, The creation of medieval history in Luxembourg, PhD Dissertation, University of Edinburgh, 2008, chapitre 4, p. 138-207. Sur le contexte : Valenciennes et les anciens Pays-Bas. Mélanges offerts à Paul Lefrancq.. Valenciennes, Cercle archéologique et historique de Valenciennes, 1976 ; Valenciennes aux XIVe et XVe siècles : art et histoire, recueil d’études publiées sous la dir. de Ludovic Nys et d’Alain Salamagne, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 1996.
4 Cette recension n’a pas la prétention d’être complète et son commentaire exhaustif. Une autre limite tient à la nature même des documents : ils sont souvent tardifs par rapport à l’événement. Il n’a pas toujours été possible de retrouver le nom de l’atelier ou de l’enlumineur, le nom du commanditaire, du destinataire et du propriétaire, les circonstances précises qui entourent leur exécution. Pour autant ces documents ne peuvent être négligés, ne serait-ce que pour leurs qualités esthétiques.
5 Sur ces questions on me permettra de renvoyer une fois pour toutes à cinq études : Un itinéraire européen. Jean l’Aveugle, comte de Luxembourg et roi de Bohême (1296-1346), Luxembourg, 1996 (Publications du CLUDEM 12), mais l’image des Mémoires de Philippe de Commynes (Nantes, Musée Dobrée, ms. 18, fol. 73 verso, École de Rouen, XVIe s.) illustre la défaite de Richard Neville, comte de Warwick, battu par Édouard IV ; Michel Pauly (dir.), Johann der Blinde, Graf von Luxembourg, König von Böhmen, 1296-1346, Luxembourg, 1997 (Publications du CLUDEM, 14), en particulier : Philippe Contamine, « Politique, culture et sentiment dans l’Occident de la fin du Moyen Âge : Jean l’Aveugle et la royauté française », p. 343-361 ; King John of Luxembourg (1296-1346) and the art of his era : proceedings of the international conference, Prague, September 16-20, 1996, organized by the Institute of Art History of the Academy of Sciences of the Czech Republic, ed. by Klára Bene?ovská, Ústav dejin umení Akademie ved Ceské republiky, Prague : KLP-Koniasch Latin Press, 1998 ; Michel Margue, « Jean de Luxembourg, prince idéal et chevalier parfait : aux origines d’un mythe », Mediaevalia historica bohemica, n° 5, Praha, Historickÿ ústav, 1998, p. 11 à 26, Brigitte Baümler, König Johann Der Blinde König Skizze vom abenteuerlichen Leben und Sterben eines Luxembourger Heldenk nigs, Nordstett, GmbH, 2009. Pit Péporté, The creation of medieval history in Luxembourg, PhD Dissertation, University of Edinburgh, 2008, chap. 4, p. 136-226.
6 Liliane Bellwald, « Das Augenleiden Johanns des Blinden aus medizinischer und medizinhistorischer Sicht », in Michel Pauly (éd.), Johann der Blinde, Graf von Luxemburg, König von Böhmen 1296-1346. Tagungsband der 9es Journées Lotharingiennes 22-26 Oktober 1996, Luxembourg, Publications du CLUDEM 14 (Publications de la Section historique de l’Institut Grand-Ducal de Luxembourg 115) 1997, p. 545-566.
7 Guillaume de Nangis (Chronique latine de 1113 à 1300, avec continuation de cette chronique de 1300 à 1368, éd. par Hercule Géraud, Paris, Renouard, 1843) évoque longuement Jean de Luxembourg en 1324 (p. 53-54), ses voyages en Italie en 1330 (p. 123-124), son intervention en faveur de Robert d’Artois en 1331, le mariage de sa fille en 1332, la trêve conclue avec les Anglais grâce à lui et surtout précise : « Nam ex ambobus oculis caecus erat atque senex, et tamen non propter hunc defectum reliquerat vim armorum » (p. 201). Dans les âges de la vie, senectus commence au-delà de cinquante ans et senium après soixante ou soixante-cinq ans.
8 Au Parlement de Paris, les conseillers renoncent à leur activité lorsqu’ils ne peuvent plus monter à cheval.
9 Chroniques des règnes de Jean II et de Charles V, t. II, p. 204-205, 217, 227-228, 232, 246-262 et M. Thomas, « La visite de l’empereur Charles IV en France d’après l’exemplaire des Grandes Chroniques de France exécuté pour le roi Charles V », VIe congrès international des Bibliophiles, Vienne 29 septembre-5 octobre 1969, Paris, 1971, p. 85-98.
10 Lors du Pas de la Pèlerine, d’après la description d’Olivier de la Marche, dans ses Mémoires, un chevalier de Souabe de 65 ans environ (en fait 55) se présente, il est « grant et bel hommes d’armes vigoureusement », « et combien qu’il fust viel si se mostroit il prompt et de noble couraige et queroit fièrement son compaignon ». Un combattant âgé et expérimenté au combat peut donc prendre le risque de s’opposer à un escrimeur confirmé.
11 Philippe Auguste par exemple et encore pour le XVe s. Jean de France, duc de Berry et Philippe le Bon, duc de Bourgogne participent fort tard au combat avec plus ou moins de bonheur.
12 Dans Pierre Le Laboureur, le Christ joute à Jérusalem sous les couleurs de Pierre, contre le diable et la mort. Longin, chevalier aveugle, se bat contre lui, le blesse, puis tombe à genoux pour implorer le divin pardon (The Vision of Piers Plowman, ed. Walter W. Skeat, Londres, 1950, p. 296-297, 322-326). Le diable est entouré de combattants parfois terrifiants dans le Tournoiement de l’Antechrist d’Huon de Méry (Reims, 1851, p. 1-105) et le Tournoiement d’Enfer (éd. A. Lanfors, Romania 44, 1915-1917, p. 51-58). Leur principal handicap reste le péché. Le roi de France Jean II, en captivité, fait acheter l’?uvre d’Huon de Méry, qu’il paye 19 sous en mai 1360 (Comptes de l’argenterie des rois de France au XIVe s. publiés pour la Société de l’Histoire de France. par Louis Douët d’Arcq, Paris, 1861, p. 251).
13 L’interdiction repose sur les empêchements au sacerdoce définis dans l’Ancien Testament par le Lévitique, 21, vv 17-20 : « Car aucun homme ne doit s’approcher s’il a une infirmité, que ce soit un aveugle ou un boiteux, un homme défiguré ou déformé, un homme dont le pied ou le bras soit fracturé, un bossu, un rachitique, un homme atteint d’ophtalmie, de dartre ou de plaies purulentes, ou un eunuque ». Sur la représentation de l’aveugle au Moyen Âge : Jean Dufournet, Le garçon et l’aveugle, Paris, Honoré Champion, 1982.
14 Livre des propriétés des choses de Barthélemy l’Anglais, traduction de Jean Corbechon, Paris, BnF, ms. fr. 22532, fol. 101v-102, troisième quart du XVe s. Cette traduction de 1372 est très littérale. Il en existe 43 copies (Claude Herfray-Rey, « Jean Corbechon, traducteur de Barthélemy l’Anglais (1372) », Positions des thèses de l’École des Chartes, Paris, 1944, p. 56-67).
15 Brigitte Gauthier, « Les aveugleries médiévales », Cahiers d'Histoire, t. XXIX, 1984, n° 2 et 3.
16 Journal d’un Bourgeois de Paris, éd. Colette Beaune, Paris, Le Livre de Poche (Lettres Gothiques), 1989, p. 221, par. 424 (texte adapté par nous-même).
17 Chronique des quatre premiers Valois, éd. Siméon Luce pour la Société de l’Histoire de France, Paris, 1862, p. 17 et Aline Vallée-Karcher, « Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe VI de Valois, une reine maudite? », BEC, n° 138, 1, 1980, p. 94-96.
18 Johann von Viktring, Liber certarum historiarum, vol. 1-2, Fedor Schneider (éd.), MGHH SRG, in us. Schol., 36 Hanovre, 1909-1910. Le propos est en partie symbolique: Albert II n’est pas aveugle et pourrait guider son hôte par des indications verbales.
19 Il organise deux fois des tournois à Prague, en 1319 et 1321, sans succès auprès des chevaliers étrangers. Il pratique ensuite dans d’autres cours européennes, ainsi en 1324 à Cambrai. Déjà la réputation de ses faits d’armes est légendaire. Il aurait parcouru, en un an, toute l’Europe en tournoyant. En 1335, il est grièvement blessé lors des joutes à l’occasion de son remariage avec Béatrice de Bourbon, qui est passionnée de tournois. Les autres participants sont emprisonnés et ne sont libérés que sur son intervention auprès de Philippe VI. Il a donc une longue habitude des combats et de leurs dangers.
20 Geoffroy de Villehardouin, La conquête de Constantinople. Historiens et Chroniqueurs du Moyen Âge, Paris, la Pléïade, 1942, p. 6. D’autres sources signalent cette infirmité: Niceta (Nicetae Choniatae, Historia, éd. Johannes A. van Dieten, Berlin-New-York, Corpus Fontium Historiae Byzantinae, XI, 1, 1975) et le doge chroniqueur Andrea Dandolo, qui forge un épisode légendaire: Enrico Dandolo aurait perdu la vue en 1172, lors d’une ambassade à Constantinople, pour avoir osé s’opposer à l’empereur byzantin, d’après Élisabeth Crouzet-Pavan, « Quand le doge part à la croisade… », Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge. Mélanges en l’honneur de Philippe Contamine, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2000, p. 167-174 (Cultures et civilisations médiévales XXII).
21 Geofffroy de Villehardouin, op. cit., p. 109. Six manuscrits ont conservé ce texte. Des copies ont continué le récit après 1207, il figure aussi remanié ou inséré dans des compilations. Au XVIe s., il est adapté en latin, traduit en français moderne: en 1573, le vénitien Paolo Rannusio achève un De Bello Constantionopolitano et en 1585, Blaise de Vigenère en publie une édition bilingue (Marisa Gazzoti, « Studi cinquecenteschi su La conquête de Constantinople di Geoffroy de Villehardouin », Aevumm, 1989, p. 284-355).
22 Il meurt devant Andrinople (Geoffroy de Villehardouin, op. cit., p. 154).
23 Ernest Nys, L’arbre des batailles d’Honoré Bonet, Bruxelles, Londres, Paris, 1883, p. 203-204, chap. XCV : « Se ung aveugle en fait de guerre peu estre emprisonné et s’il doit paier finance » et Nicholas Wright, « L’arbre des batailles (the tree of battles of Honré Bouvet and the laws of war) », in Christopher T. Allmand (éd.), War, Literature and Politics in the Late Middle Ages, Essays in honour of George William Coopland, Liverpool, 1976, XII, p. 12-31 et Hélène Biu, L’arbre des batailles d’Honorat Bovet : étude de l'oeuvre et édition critique des textes français et occitan, Thèse de Doctorat, Paris-Sorbonne, 2004, Lille, Atelier national de reproduction des thèses, 2005.
24 Il poursuit: « Et ceci nous est bien signifié en la sainte Escripture, car nous lisons comment Cayn occist son frère Abel, le bon et juste, par sa malice, mais aveugle qui estoit appelé Lameth, après ung peu de temps, si prist ung arc et une flesche et s’en alloit par les champs pour chasser à tout son arc. Si ouist une chose aller, lors pensa que ce fust une quelque beste, pourquoy il entesa son arc et la cuida occir. Mais c’estoit Cayn qu’il assena tellement qu’il le tua. Lors, dist nostre Seigneur, que le péchié de Cayn seroit une fois pugny mais le péchié de Lameth seroit pugny septante six fois ».
25 Les romans leur font aussi une place. L’Âtre périlleux, roman de la Table ronde (éd. par Brian Woledge, Paris, Honoré Champion, 1936) est riche en notations, concernant l’acuité visuelle, la cécité: « Gavains erre vers la forest ; / A grant mervelle li desplest / Quant il nel voit ne lonc ne pres » (p. 12-13, vers 375-377) ; un valet qui a les yeux crevés « Si li a rendu sa lumière, / Si vit plus cler que cerf ne dain » (p. 206-207, vers 6512-6514): « Por le vallet est tox dervés, / Car hom qui a les ex crevés / Vit tox jors puis a grant annui ; / Et set de voir que c’est por lui / Que on li a cest mal tout fait » (p. 20-21, vers 631-634). L’aveuglement, blessure de guerre ou peine afflictive est une punition: Hunbaut, éd. Jakob Stürzinger et Herman Breuer, Halle, 1914, 488-846, Méraugis 1839-2152 ; Li Romans de Claris et Laris, éd. Johann Alton, Tübingen, 1884, 23161-23306 ; Les Merveilles de Rigomer, éd. Wilhelm Foerster, Dresde, 1908, 11515-11725, Tydorel 219-330.
26 Harcourt est évoqué à plusieurs reprises dans les chroniques: pour 1356 dans la Chronique des quatre premiers Valois, p. 66-67) : pour 1342, 1346, 1356, dans la Chronique normande du XIVe s. (éd. Auguste et Émile Molinier, Paris, 1882, SHF, p. 58, 74, 75, et 119-120) ; pour novembre 1356 dans les Chroniques de Froissart (éd. Siméon Luce, t. V, liv. 1, par. 402, p. 78 ; éd. Joseph B. Kervyn de Lettenhove, t. VI, p. 8) ; 1346 dans les Grandes Chroniques de France (éd. Jules Viard, t. VI, p. 44) ; pour 1346 et 1356 dans la Chronographia regum Francorum (éd. Henri Moranvillé, Paris, Renouard, 1893, t. II, p. 237-257) ; avec Lancastre en Normandie en 1356, Robertus de Avesbury, De Gestis Edwardi Tertii (p. 462-465).
27 Toulouse, Bibliothèque municipale, ms. 511, fol. 135. Le manuscrit porte au fol. 8 des écus surpeints, dont peut-être celui de Jean Ier comte de Foix, avec le mot I y bel tet, il appartient à la production réalisée pour le libraire parisien Pierre de Liffol. Cat. gén. des mss des Bibl. pub. des départements, t. VII, Paris, 1885, p. 315-316. Siméon Luce, Introduction à l’édition de Froissart pour la SHF, p. XXXV, le considère comme un exemplaire de la première rédaction, 2ème classe (texte abrégé), 3ème famille, côte A 31 ; Maurice Caillet, « Richesses de la Bibliothèque municipale de Toulouse », CPIL, 1960 ; Bénédicte Coffinières, Les manuscrits médiévaux enluminés de la Bibliothèque de l’abbé d’Héliot (1695-1779), Toulouse, Thèse de troisième cycle, juin 1987 ; Peter F. Ainsworth, « A Parisian in New York : Pierpont Morgan Library MS M 804 revisited », in David J. Adams and Adrian Armstrong (guest editors), Text and Image: Studies in the French Illustrated Book from the Middle Ages to the Present Day, special issue of the Bulletin of the John Rylands University Library of Manchester, vol. 81, No. 3 (Manchester, 1999), p. 130 n. 7, 134 n. 18, 140 n. 38, 145 n. 48. Mary and Richard Rouse, « Pierre de Liffol and the Manuscripts of Froissart’s Chronicles », Viator: Medieval and Renaissance Studies, t. 33 (2002), p. 261-293. Godfried Croenen et Inès Villela-Petit, « Le Maître de Boèce et le Maître de Giac, enlumineurs de la guerre », Art de l’enluminure n°31, déc. 2009- février 2010, p. 30-32 et p. 44. Sur l’illustration du Livre Ier : Laurence Harf-Lancner, « Image and propaganda : the illustrations of Book I of Froissart’s Chroniques », in Froissart Across the Genres, éd. par Donald Maddox et Sara Sturm-Maddox, Gainesville : University Press of Florida, 1998, p. 221-250 ; Alberto Varvaro, « Il libro I delle Chroniques di Jean Froissart : per una filologia integrata dei testie delle immagini », Medioevo Romanzo, XIX (1994), p. 3-36 ; Alberto Varvaro, « Due note sui manoscritti delle Chroniques di Jean Froissart », Medioevo Romanzo, XIX (1994), p. 293-300. Sur le contexte: Patrons, Authors and Workshops: books and book production in Paris around 1400, éd. Godfried Croenen and Peter Ainsworth, Louvain, Paris, Dudley, Peeters, 2006 en particulier Godfried Croenen, « Patrons, authors and workshops: books and book production in Paris around 1400 », (p. 1-19), Kouky Fianu, « Métiers et espace: topographie de la fabrication et du commerce du livre à Paris (XIIIe-XVe siècle) », p. 29 et ss. et Émilie Cottereau, « Les copistes en France du Nord autour de 1400: un monde au multiples visages », p. 333-354.
28 Clisson est mentionné en 1341 dans la Chronographia Regum Francorum, t. II, p. 184 ; en 1364, à Auray, dans la Chronique des quatre premiers Valois, p. 161 ; en 1364, dans la Chronique normande, p. 177 ; au siège de Saint-Brieux, dans la Chronique du bon duc Loys de Bourbon de Jean d’Orronville et Jean de Châteaumorand, éd. Alphonse M. Chazaud pour la Société de France, Paris, Renouard, 1876, p. 209.
29 En 1423, il perd un ?il en même temps que le connétable d’Écosse dans la bataille de Cravant (Jehan de Wavrin, Anchiennes cronicques d’Engleterre, éd. Melle Dupont, Paris, Renouard, 1858, t. III, p. 248).
30 En 1420, au siège d’Allibaudières, Jean de Luxembourg perd un ?il (Pierre du Fénin, Mémoires, éd. Jean Alexandre C. Buchon, Paris, 1838, p. 131 et Chroniques des quatre premiers Valois, p. 216). Dans le même combat, il en va de même pour Jean Beauvoir (Pierre de Fénin, p. 132), ce qui ne l’empêche pas de devenir chevalier (Enguerrand de Monstrelet, Chroniques, 1400-1444, éd. Louis Douët d’Arcq, Paris, 1867, t. IV, p. 369) et en 1453 d’assister au Banquet de Lille (Mathieu d’Escouchy, Chronique, 1444-1461, éd. Gaston Du Fresne de Beaucourt, Paris, 1863, t. II, p. 675). Le vidame d’Amiens, qui s’est cassé une jambe en chassant le renard, est longtemps avant de pouvoir s’armer à nouveau (Pierre de Fénin, p. 157).
31 D’après la Chronique normande, en 1358, le Borgne de Chambelly tombe en défendant le marché de Meaux.
32 Hellot, Essai historique sur les Martel de Basqueville, s. d., p. 40 et Chronique normande, p. 73, pour 1346.
33 D’après Pierre de Fénin (p. 87-88), en 1418, « estoit de petite estature et boiteux », même observation dans Monstrelet (Chronique, t. IV, p. 112).
34 Jean des Preis dit d’Outremeuse, Ly myreur des histors, chronique, éd. Adolphe Borgnet, Bruxelles, 1864, 5 t.
35 Charles Terlinden, Histoire militaire des Belges, Liège, 1931, p. 37. Le comte de Namur, Henri l’Aveugle, n’est pas moins célèbre.
36 Sur la campagne qui précède la bataille de Crécy: André Plaisse, À travers le Cotentin, la grande chevauchée guerrière d’Édouard III en 1346, Cherbourg, 1994. Marilyn Livingstone, Morgen Witzel, The Road to Crécy : the English Invasion of France, 1346, Harlow, New York, Pearson, Longman, 2005. Sur la bataille elle-même : Marcel J. Rigollot, « Le manuscrit de Froissart de la Bibliothèque d’Amiens, dissertations et extraits, particulièrement en ce qui concerne les batailles de Crécy et de Maupertuis, Poitiers », 1841, 104 p., Extrait de la 2ème série de la Revue anglo-française ; Jean d’ Ambert, « Mémoire sur l’expédition anglaise de 1346 et sur la bataille de Crécy », Spectateur militaire, Paris, 1845 ; Jules Lion, Bataille de Crécy, Amiens, 1867 ; Walther Rose, « König Johann der Blinde von Böhmen und die Schlacht bei Crécy (1346) », Zeitschrift für historische Waffenkunde, 7, 1915-1917, p. 37-60 ; Jules Viard, « La campagne de juillet-août 1346 et la bataille de Crécy », Paris, Honoré Champion, 1926, Moyen Âge, 2ème série, t. XXVII, jan.-avril 1926, p. 1-84 : L. Manyon, « An Examination of the Historical Reliability of Froissart’s Account of the Campaign and Battle of Crécy », Papers of the Michigan Academy of Science, Arts and Letters, 7, 1927, p. 207-224 ; J. G. Kerkhoven, « Les Anglais ont-ils fait usage d’armes à feu à la bataille de Crécy ? », Revue internationale d’Histoire militaire , n° 19, 1957, La Haye, 1958, p. 323-331 ; Philippe Contamine, « Crécy (1346) et Azincourt (1415) : une comparaison ». Divers aspects du Moyen Âge en Occident. Actes du Congrès tenu à Calais en septembre 1974, Calais, 1977, p. 41-52 ; Francis Merlant, « Bataille de Crécy-en-Ponthieu, 26 août 1346 », RSAMA, n° 87, 1982, p. 15-24 ; Henry de Wailly, Crécy, 1346 : autopsie d’une bataille, Paris, Lavauzelle, 1985. Marc Rolland, Crécy, 1346, Paris, Socomer, 1990, Les grandes batailles de l’histoire ; Kelly De Vries, Infantry Warfare in the Early Fourteenth Century : Discipline, Tactics and Technology, I, Boydell, 1995 ; Christopher Rothero, The Armies of Crécy and Poitiers, Londres, Osprey, cop. 1981 ; David Nicolls, Crécy 1346 : triumph of the longbow, Oxford, Osprey, 2000 (Campaign, 71) ; Emmanuel Tonetti, Crécy, la bataille des cinq rois : 26 août 1346, Vironchaux, 2004 ; Andrew Ayton and Philip Preston, The Battle of Crécy, 1346, with additional contributions from Françoise Autrand, Christophe Piel, Michael Prestwich, Bertrand Schnerb, Woodbridge, Suffolk, Boydell Press, 2005.
37 Seuls, ici, sont pris en compte les textes et non son état clinique réel. Froissart, Chroniques, éd. Joseph Kervyn de Lettenhove, t. I (IIe et IIIe parties), p. 223-225 et 248-249 ; Froissart, Chroniques. Début du premier livre, Édition du manuscrit de Rome, Reg. Lat. 869, par George T. Diller, Genève, 1972 (TLF, 194) ; Froissart, Chroniques, Livre Ier, le manuscrit d’Amiens, Bibliothèque municipale, n° 486, édité par George T. Diller, t. III : depuis la bataille de Crécy jusqu’au mariage du duc de Bourgogne avec Marguerite de Flandre (1346-1369), Genève, 1991-1993 (TLF, 424).
38 Jean le Bel, Les vrayes chroniques, éd. Mathieu L. Polain, Bruxelles, 1863 et Messire Jehan Le Bel, Chronique, éd. Jules Viard et Ernest Déprez, Paris, 1904.
39 A. Münch, « Der 'Monne de Basèle' in der Schlacht bei Crécy und die Beziehungen der Münch von Landskron zum Hause Lothringen », Anzeiger für Schweiz Geschichte, 1891, n° 4 ; Louis Léger, « Les Bohémiens à Crécy », Le monde slave, Paris, 1902, p. 1-17 ; Louis Léger, « Un poème tchèque sur la bataille de Crécy », Journal des Savants, 1902, p. 1-17 ; Jules Viard, « Henri Le Moine de Bale à la bataille de Crécy », BEC, 67, 1906, p. 492-496.
40 Le « coup » désigne en fait, comme dans les tournois, un enchaînement, une série de coups et fait image.
41 Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, t. III, p. 177-193 et p. 420-437, par. 279.
42 Sur les chevaux liés ensemble: Pierre de Fénin, p. 220. Sur la nature du lien, les textes varient.
43 Froissart, Chroniques, éd. J. Kervyn de Lettenhove, t. V, p. 53-71 et p. 475.
44 Pit Péporté, p. 148, elle symbolise le lien qui unit le roi et ses vassaux.
45 Le roi d’Angleterre fait éloigner les chevaux des cavaliers qui ont mis pied à terre, pour éviter la même éventualité.
46 Pit Péporté, p. 149, 154, 179, 207. Pendant le haut Moyen Âge, la privation de sépulture chrétienne frappe les chevaliers décédés en combat singulier ou en tournoi, car leur mort s’apparente pour l’Église au suicide, mais leurs familles riches et puissantes parviennent moyennant donations à les faire inhumer au sein des abbayes (Danielle Alexandre-Bidon, La mort au Moyen Âge, XIIIe-XVIe s., Paris, La vie quotidienne, 1998, p. 263-264). À Crécy, les blessures reçues par le roi attestent qu’il s’est battu et bien défendu. Quant au fait de prendre un risque mortel, il est en partie inhérent aux nouvelles formes de combat et à la guerre.
47 Le Chronicon Aulae Regiae de Pierre de Zittau (1275-1339 compare Jean de Luxembourg à la bataille de Mühldof avec Samson, cité par Pit Péporté, p. 154.
48 Il peut faire des moulinets ou asséner des coups de taille ou d’estoc.
49 Pit Péporté p. 157, souligne que son surnom Jean l’aveugle ne lui est donné qu’à l’époque moderne et que pour la plupart des auteurs ce n’est pas sa principale caractéristique.
50 Lors de la bataille de Poitiers, Philippe le Hardi, le plus jeune fils du roi, douze ans, est fait prisonnier à côté de son père, qu’il aurait guidé au combat.
51 Dans Le Bel inconnu, roman d’aventures, le héros: « En mi la sale s’aresta, / Une grant pièce i demora / Que goute n’i pooit veoir : / Tant i faisoit oscur et noir / Que son ceval ne pot trover / Diu comencha a réclamer / Que fors de laiens le jetast / Que mal ne honte n’encontrast », Renaut de Beaujeu, Le Bel inconnu, éd. G. Perrie Williams, Paris, Champion, Classiques français du Moyen Âge, 38, 1929, réimpr.: 1991, vers 2957 à 2970.
52 Dans les joutes, le silence est exigé de tous les spectateurs. Il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les tournois, qui sont d’abord des mêlées où la confusion est indescriptible, il y a une poussière, « grand poudre », à ne pas se voir, un tumulte à faire « trembler terre » et un vacarme « à ne pas entendre Dieu tonner » (vers 6072 dans l’Histoire de Guillaume le Maréchal, cité par Jean-Jules Jusserand, Les sports et jeux d’exercice dans l’ancienne France. Paris, Genève, Champion-Slatkine, reprints, 1986, p. 62-63). De même dans Le Tournoiement aus dames, « La meslée fu fort et dure / Et li tournois longuement dure…/ Quand furent en une pelote, / Qui là fust, si oïst tel note / Qu’eles fesoient desus hiaumes / Miex vaut à oïr que set siaumes » (Dominique-Martin Méon, Nouveau Recueil de Fabliaux, Paris, 1823, t. I, p. 402).
53 Le Victorial, Chronique de Pero Niño, comte de Buelna (1378-1453), par Gutierre Diaz de Gamez, son porte bannière. Texte traduit et présenté par Jean Gautier Dalché, Turnhout, Brepols, 2001, p. 240-241: le fils du roi d’Angleterre est envoyé combattre en Frise: « Il avait grand courage de bien faire, quand il entendait parler des batailles, et il mourait d’envie de combattre, et à cause de ce grand désir, son père l’envoya en guerre avec du monde. Il entrait dans la bataille avec des gardes qui disaient quand il était temps de férir et qui, ensuite, le laissaient aller: lui marchait au bruit et donnait de rudes coups, jusqu’à ce que les siens le rappelassent, alors on le conduisait hors de la mêlée, mais il advint qu’un jour il fut vaincu, lui et les siens, et qu’il mourut dans la bataille ».
54 Alors ses chevaliers lui répondirent: « Seigneur la bataille est perdue et nous avons voulu vous empêcher de tomber entre les mains de vos ennemis ». Mais le roi, furieux, exige qu’on le reconduise dans la mêlée et dans un petit espace on trouva morts, les uns à côté des autres, le roi et ses compagnons.
55 Benes de Weitmil († 1375) dans sa Chronica indique que le roi demande à aller à l’endroit le plus bruyant de la bataille, cité par Pit Péporté, p. 155.
56 Jan Frans Verbruggen, « L’art militaire en Europe occidentale du IXe au XIVe s. », Revue internationale d’Histoire militaire, vol. 4, 1953-1955, p. 486-496 ; Jan Frans Verbruggen, « La tactique militaire des armées de chevaliers », Revue du Nord, vol. 29, 1947, p. 161-180 ; Herbert J. Hewitt, The Organisation of War under Edward III (1338-1362), Manchester, Manchester University Press, 1966 ; Georg Jäger, Aspekte des Krieges und der Chevalerie im XIV jahrhundert in Frankreich : Untersuchungen zu Jean Froissarts Chroniques, Bern, Frankfurt-am-Main, Peter Lang, 1981 (Geist und Werk der Zeiten : 60) ; Philippe Contamine, « Froissart : art militaire, pratique et conception de la guerre », Froissart Historian, p. 132-144, 180-181.
57 Parmi les récits de la bataille, plus ou moins étoffés: Guillaume de Nangis, p. 203 : la Chronique normande, qui évoque les préliminaires p. 77 et la bataille p. 80 à 82 ; la Chronique des quatre premiers Valois, p. 15 à 18 ; Gilles le Muisit, Chronique et Annales, éd. H. Le maître, Paris, 1906, p. 158-164 ; mais aussi Richardi Scoti, Chronici continuatio, p. 73-74, qui décrit le roi comme « naturali lumine tunc privatus »; Adam Murimuth, Continuatio Chronicarum Robertus de Avesbury de gestis mirabilibus regis Edwardi tertii, Thompson, 1889, p. 216, 247-248 ; De gestis Edwardi tertii, p. 367, 369 et 371 ; Henri Knighton, Leycestrensis chronicon, p. 37-38 ; Giovanni Villani, Cronica, p. 391-401.
58 Wojciech Iwanczak, « Le tournoi chevaleresque dans le royaume de Bohême. Essai d’analyse culturelle », Studi medievali 3, 18/2, 1987, p. 751-773 et Josef Macek, « Das Turnier im mittelalterlichen Böhmen », Das ritterliche Turnier im Mittelalter, ed. Josef Fleckenstein, Göttingen, 1985, p. 371-389 (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für-Geschichte , 80).
59 Le seigneur est conduit au tournoi par ses chevaliers et ses écuyers qui tiennent son destrier par le frein.
60 Dans Le Jugement dou roy de Behaingne, Guillaume de Machaut décrit le roi: « Mais Hardiesse / L’accompaingnoit, et sa fille Prouesse / Et doucement tint par la main Largesse / Une dame de moult grant gentillesse ».
61 Herbert R. Clinton, From Crécy to Assye, being five centuries of the military history of England, avec plans originaux et cartes, Londres, F. Warne, 1881 ; Alfred H. Burne, The Crécy War, a Military History of the Hundred Years’ War from 1337 to the Peace of Brétigny 1360, Londres, Eyre and Spottiswoode, 1955 ; Kenneth A. Fowler, Le siècle des Plantagenêts et des Valois. La lutte pour la suprématie, 1328-1498, Paris, 1968.
62 Paris, BnF, ms. fr. 22532, fol. 102, sous le titulus et accompagnant la majuscule « A » de « Aveuglerie », une petite miniature montre un aveugle, les yeux fermés, tenant dans la main gauche la laisse d’un petit chien qui le tire vers la gauche et dans la main droite un bâton.
63 Sur la culture des personnages qui jouent un rôle décisif dans l’élaboration de ces textes, leur diffusion, leur illustration, entre autres: « Marie-Hélène Tesnière, « Les manuscrits copiés par Raoul Tainguy : un aspect de la culture des grands officiers royaux au début du XVe s. », Romania, 1986, vol. 107, n° 426-427, p. 282-368 (Paris, BnF, ms. fr. 2640).
64 Sur la propagande pendant la période: Gaston Zeller, « Les rois de France, candidats à l’Empire. Essai sur l’idéologie impériale en France », Revue historique 173 (1934), p. 273-311, 497-534 ; Raymond Cazelles, « Peinture et actualité politique sous les premiers Valois », Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1978, p. 53-65 ; Peter S. Lewis, « War propaganda and historiography in 15th Century France and England », TRHS, série 5, XV, 1965, p. 1-21 ; Nicole Pons, « La propagande de guerre française avant l’apparition de Jeanne d’Arc », Journal des Savants (1982), p. 191-214 ; Sophie Menache, « Vers une conscience nationale. Mythe et symbolisme au début de la guerre de Cent ans », Le Moyen Âge, 1983, vol. 89 n° 1, p. 85-97.
65 Sur le contexte artistique entourant la réalisation de ces illustrations pour la France : Auguste Molinier, Les manuscrits et les miniatures, Paris, 1892 ; Henry Martin, La miniature française du XIIIe au XVe s., Bruxelles, Paris, 1923 ; Les manuscrits à peinture en France du XIIIe au XVIe s., Paris, B.n., 1955 (Catalogue par Jean Porcher) ; Jean Porcher, L’enluminure française. Paris, Arts et métiers graphiques, 1959 ; François Avril, L’enluminure du XIVe s. à la cour de France, Paris, Chêne, 1978 ; Charles Sterling, La peinture médiévale à Paris, t. I, 1300-1500, Paris, 1987, Bibliothèque des arts. Pour la fin de la période : Ring Grote, La peinture française du XVe siècle, Londres, Paris, 1949 ; The Last Flowering. French painting in Manuscripts, 1420-1530, catalogue par John Plummer et Gregory Clark, New York, 1982 ; Flanders in a European perspective. Manuscript illumination around 1400 in Flanders and abroad, Leuven, 1995, Corpus of Illuminated Manuscripts, 8.
66 Joseph Petit, Luxembourg dans les Grandes chroniques de France, Luxembourg, impr. Saint-Paul, 1982.
67 Londres, BL, Cotton Nero E II, vol. 2, fol. 152 verso, enluminé par le Maître de Boucicaut et ses assistants, vers 1410-1413, manuscrit peut-être d’origine royale, les armes de France figurant au fol. 242 verso, vol. II : Léopold Delisle, « Notes sur quelques manuscrits du Musée Britannique », Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile de France 4 (1878), p. 183-238 ; Millard Meiss, The Boucicaut Master, Londres, 1968, p. 92-95, Kress Foundation Studies in the History of European Art, n° 1 ; Charles Sterling, La Peinture médiévale à Paris, 1300-1500, I, Paris, 1987, p. 340-411 ; Albert Châtelet, « Les heures du maréchal Boucicaut », Fondation Eugène Piot, Monuments et mémoires 74, 1994, p. 45-76 ; Anne D. Hedeman, The Royal Image. Illustrations of the Grandes Chroniques de France. 1274-1422, Berkeley, Los Angeles, Oxford, University of California Press, 1991, p. 210-212. Sur le contexte: Albert Châtelet, L’âge d’or du manuscrit à peintures en France au temps de Charles VI et les Heures du maréchal Boucicaut, Paris, Institut de France, Faton, 2000, et Paris 1400. Les arts au temps de Charles VI, Paris, Fayard, 2004. Plus tardif le célèbre exemplaire illustré par Fouquet ne comprend pas d’évocation de la bataille: Les Grandes Chroniques de France, reproduction en fac-similé des miniatures de Fouquet, manuscrit français 6465 de la BnF, commentée par François Avril, Marie-Thérèse Gousset, Bernard Guenée, Philippe Lebaud éd. 1987 (Les reliquaires). Sur les manuscrits français conservés dans les collections britanniques: John Alexander Herbert, Schools of Illumination. Reproductions from Manuscripts in the British Museum, t. VI (Peinture française XIVe-XVIe siècles); John Parnell, Gilson, George Warner, Catalogue of the Western Manuscripts in the Old Royal and Kings Collections, 4 vols., Oxford, Oxford University Press, 1921 ; Janet Backhouse, « Founders of the Royal Library : Edouard IV and Henry VII as collectors of illuminated manuscripts », England in the 15th Century. Proceedings of the 1987 Harlaxton Symposium, éd. D. Williams, 1987, p. 175-187.
68 Il en va de même dans quatre autres manuscrits: dans deux autres exemplaires des Grandes Chroniques de France, fig. 11, Londres, BL, Sloane, ms. 2433, C, fol. 69 verso; fig. 12, Saint-Pétersbourg, Erm., fr 88, fol. 421; dans un exemplaire de la Chronique d’Angleterre de Jean de Wavrin, Paris, BnF, ms. fr. 76, fol. 144 et dans les Chroniques de Froissart, New York, PML, ms. M. 804, fol. 101 verso, à la différence de Poitiers, fol. 128.
69 Ce n’est pas l’état d’esprit, sinon le comportement, attendu. Jonathan D. Boulton, The Knights of the Crown. Monarchical Orders of Knighthood in Later Medieval Europe 1325-1520, Woodbridge, Boydell Press, 1987.
70 Paris, BnF, ms. fr. 2663, fol. 145 verso, XVe s., Cat. des manuscrits français, t. 1, ancien fonds, Paris, Firmin Didot, 1868, p. 440, ex-libris de Jean de Derval, quittance autographe de Pierre de Liffol de la somme de 40 livres tournois payée par Guillaume le Normant, peut-être pour Tanguy du Châtel qui aurait pu offrir le manuscrit à Jean de Derval († 1482). Les miniatures en dehors de la page de présentation, fol. 6 due au Maître du Hannibal de Harvard, sont du Maître de Boèce: Godfried Croenen, « Le libraire Pierre de Liffol et la production de manuscrits illustrés des Chroniques de Jean Froissart à Paris au début du XVe siècle », Art de l’enluminure n° 31, p. 19 et pour les caractéristiques du manuscrit, p. 45 ; Peter F. Ainsworth, « Deux cycles d’illustrations des Chroniques de Froissart comparés », p. 46 à 89, en particulier p. 58. Sur les manuscrits illustrés du Livre Ier de Froissart: Exposition de Valenciennes, 11 sept.-10 oct. 1937, VIe centenaire de la naissance de Jehan Froissart, Valenciennes (1337-1937), Valenciennes, Imprimerie Hollande Fils, 1937, en particulier, p. 38-45. Sur les exemplaires des Chroniques de Froissart conservés dans les collections de la BL: Illustrations of Froissart, selected from the Ms. in the British Museum by Henry N. Humphreys, Londres W. Smith, 1844 ; Henry Humphreys, Illuminated Illustrations to Froissart, Londres, 1864 ; Jean Froissart, Chronicles of the Hundred Years' War, Sotheby’s. Catalogue de la vente du 18 juin 1991, n° 1692, Londres, 1991. Ci commencent … Jean Froissart chroniqueur de la guerre de Cent Ans, exposition du Musée de l’Armée à Paris, du 2 avril au 4 juillet 2010, Hôtel national des Invalides, organisée par les Royal Armouries de Leeds, l’Université de Sheffield et le Musée national de l'Armée, commissaires Peter F. Ainsworth, Karen Watts et Olivier Renaudeau. Sur le manuscrit New York, PML, ms. M. 804, Peter F. Ainsworth, « A Parisian… », p. 145 n. 48.
71 Cette présentation, la moins fréquente, se présente dans trois autres manuscrits des Chroniques de Froissart : fig. 4, Bruxelles, BR, ms. II, 88, fol. 5 ; fig. 10, Paris, BnF, ms. fr. 2651, fol. 189 ; fig. 15, Besançon, BM, ms. 864, fol. 138.
72 Pourtant dans le texte il en va tout autrement: Georges Pinet de Manteyer, « Les usages héraldiques au XIVe siècle d’après les Chroniques de Froissart », Annuaire-Bulletin de la SHF, 1916, p. 141-155 ; Peter F. Ainsworth, « Heralds, Heraldry and the Colour Blue in the Chronicles of Jean Froissart », The Medieval Chronicle, Proceedings of the Ist International Conference on the Medieval Chronicle, Driebergen/Utrecht, 13-16 juillet 1996, éd. Erik Kooper, Rodopi, Costerus new series, 120 (Amsterdam-Atlanta, 1999), p. 40-55.
73 Pour prendre la mesure de la distorsion entre le texte et son illustration sur d’autres points encore: George T. Diller, Attitudes chevaleresques et réalités politiques chez Froissart, Genève, Droz, 1984 (Études de Philologie et d’Histoire 39) sur le premier livre. Le public des chroniques, commanditaires ou propriétaires de manuscrits, sa culture et ses options politiques en rendent compte (par exemple: Léon Mirot, « Notes sur un manuscrit de Froissart et sur Pierre de Fontenay, seigneur de Rance, son premier possesseur », BEC, Paris, LXXXIII, 1922, p. 193-195 et 297-330).
74 Bruxelles, BR, ms II, 88 fol. 5. Le volume est composé de fragments et semble avoir pour objectif de ne conserver que les feuillets décorés de peintures. D’après les armoiries surpeintes grattées de Coucy, fol. 1, fascé d’argent et de gueules, et fol. 16, fascé d’hermine et de gueules, parmi les propriétaires figure Enguerrand de Coucy; mais ces armoiries sont bien postérieures... (voir quand même Jan van den Gheyn, Catalogue des manuscrits, op. cit., t. X, Histoire de France, par Emile Wagemans, p. 136, n° 6941) ; Gröber-Hofer, Grundriss der romanischen Philologie, t. I, p. 154-158 et 278 ; Camille Gaspar et Frédéric Lyna, Les principaux manuscrits à peintures de la Bibliothèque royale de Belgique, t. II, Bruxelles, Bibl. royale Albert Ier, 1987, notice 203, p. 11-13 et 143).
75 Les Anglais sont alors devenus une puissance occupante: Desmond Seward, The Hundred Years’ War : the English in France, 1337-1453, Londres, Constable, 1996.
76 Paris, BnF, ms. fr. 2643, fol. 165 verso, parchemin, 47 miniatures. Le volume, comme le suivant, Paris, BnF, ms. fr. 2644, ont été illustrés par Loyset Liédet, les marges sont dans le style de Liévin van Lathem. Sur le « Froissart » de Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse (1422-1492): Cat. des manuscrits français, t. I, p. 438 ; Pierre Arnauldet, « Invité du Château de Blois en 1518 », Le Bibliographe moderne IV, 1902, p. 320-321, n° 92-95 et Catalogue de l’exposition de Valenciennes, 1937, p. 21 et sqq. ; Joseph B.B. Van Praet, Recherches sur Louis de Bruges, seigneur de la Gruthuyse, suivies de la notice des manuscrits qui lui ont appartenu, et dont la plus grande partie est conservée dans la bibliothèque du roi, Paris, 1831 (XCIII) ; Chrétien Dehaisnes, « Documents inédits concernant Jean le Tavernier et Louis Liédet, miniaturistes des ducs de Bourgogne », Bulletin des Commissions Royales d’Art et d’Archéologie de Bruxelles, 1882, XXI, p. 20-38 ; Léon M. J. Delaissé, La miniature flamande. Le mécénat de Philippe le Bon, Bruxelles, 1959, n° 162, p. 135 ; Claudine Lemaire et Reginald De Schryver, Vlaamse Kunst op perkament, Handschriften en miniaturen te Brugge van de 12 de tot de 16 de leuw, Bruges, Gruuthusemuseum, 1981, p. 207 (109). Sur Loyset Liédet entre autres: Georges Dogaer, Flemish Miniature Painting in the 15th and 16th Centuries, Amsterdam, B. M. Israël, B.V., 1987 ; Marie-Laetitia Le Guay, Les manuscrits enluminés du Livre IV des Chroniques de Froissart. Les rapports entre le texte et l’illustration, Thèse, 1992, t. I, p. 46 ; Maximiliaan J. P. Martens, Lodewijk van Gruuthuse, mecenas en europees diplomaat ca 1427-1492, Bruges, 1992, inv. 120, p. 121, 134, 136, 140 ; Anne-Marie Legaré, « Loyset Liédet: un nouveau manuscrit enluminé », Revue de l’Art, 126/4 (1999), p. 36-49. Manuscrits enluminés des anciens Pays-Bas méridionaux, t. 1, Manuscrits de Louis de Bruges, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits ; Université catholique de Louvain, Centre de recherche Illuminare-Studiecentrum voor miniatuurkunst (Louvain, Belgique), éd. Ilona Hans-Collas, Pascal Schandel, avec la collaboration de Hanno Wijsman, conseiller scientifique, François Avril, Paris, BnF, 2009, notice 71, p. 272 à 275 et p. 279 à 283.
77 La représentation dans la même enluminure de l’infanterie et de la cavalerie est la formule le plus souvent retenue, elle se retrouve dans cinq autres manuscrits: trois exemplaires de Froissart fig. 6, Paris, BnF, ms. 2662, fol. 150 verso, fig. 7, Toulouse, BM, ms. 511, fol. 104, fig. 9, Paris, Arsenal, ms. 5187, fol. 35 verso ; un exemplaire des Chroniques de Flandre, fig. 8, Paris, BnF, ms. 2779, fol. 223 ; un de la Chronique d’Angleterre de Jean de Wavrin, fig. 14, Paris, BnF, ms. fr. 87, fol. 117.
78 Bel exemple de perspective atmosphérique.
79 Hélène Wolff, « Traîtres et trahison d’après quelques ?uvres historiques de la fin du Moyen Âge », Senefiance n° 5, Exclus et systèmes d’exclusion dans la littérature et la civilisation médiévale, 1978, p. 41-55.
80 Sur l’équipement, la composition et les techniques de combat des armées anglaises contemporaines de l’illustration: Anne Curry, « English Armies of the Fifteenth Century », Arms, Armies and Fortifications of the Hundred Years’ War, Woodbridge, ed. A. Curry et M. Hughes, 1994, p. 36-68.
81 Michèle Beaulieu et Jeanne Baylé, Le costume en Bourgogne, de Philippe le Hardi à la mort de Charles le Téméraire (1364-1477), Paris, PUF, 1956. Antoine De Schryver, « Notes pour servir à l’histoire du costume au XVe s. dans les anciens Pays Bas et en Bourgogne », Annales de Bourgogne : tome XXIX-1957, p. 29-42.
82 Il porte fol. 1 des armoiries: chevronné d’or et de gueules à la bordure engrêlée d’azur, et parti d’un fascé d’or et d’azur ; chiffre : JJ ; devise : chaînes (Inès Villela-Petit, p. 44). Cette devise, chaîne d’or à clochettes, qui se retrouve dans tout le manuscrit, a d’abord laissé penser qu’il aurait appartenu au seigneur d’Yorry, en Normandie.
83 Paris, BnF, ms. fr. 2662, fol. 150 verso, 20 miniatures, Cat. des manuscrits, p. 440 et Marie-Laetitia Le Guay, t. I, p. 349 ; Peter F. Ainsworth, « A Parisian… », p. 134 n. 18 et p. 137.
84 Charles dit le Magnanime, frère de Philippe VI, est tué dans la bataille comme le roi de Bohême.
85 Pierre Ier de Bourbon, qui est blessé à Crécy et meurt en 1356 à Poitiers, est l’époux d’Isabelle de Valois. Ses armes sont: d’azur, fleurs de lys sans nombre, l’écu brisé d’un bâton ou cotice de gueules (Nicolas L. Achaintre, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de Bourbon, vol. 1, éd. Didot, 1825, p. 45).
86 Jean de Luxembourg avait épousé en secondes noces Béatrice, fille du duc de Bourbon, Louis de Clermont et s?ur de Pierre Ier de Bourbon. Les armoiries que lui prête le Maître de Giac ne correspondent pas à celles personnelles du roi. Elles sont celles de l’Empire: d’or à l’aigle de sable.
87 Ce sont les bannières du roi d’Angleterre Édouard III, du Prince noir, Édouard de Woodstock, qui porte peut-être les armes du duché de Normandie, et non ses armes : écartelé en I et IV d’azur semé de fleurs de lys d’or et en II et III de gueules aux trois léopards d’or au lambel d’argent à trois pendants brochant sur le tout, qui sont une brisure des armes d’Édouard III. La troisième bannière est Hainaut (?) (d’or à deux lions de sable rampant en I et IV) et non le blason de Guillaume de Bohun, comte de Northampton, commandant en chef de la deuxième bataille: d'azur, à la bande d'argent, coticée d'or, accompagnée de six lionceaux du même.
88 L’inversion chromatique touche même les hampes.
89 Il en va de même dans le manuscrit de Toulouse, BM, ms. 511, fol. 104, et dans le New York, PML, ms. M 804, fol. 101 verso.
90 Toulouse, BM, ms. 511, fol. 104. Au folio 8 apparaissent des armoiries: coupé et tiercé en pal… d’argent ou parti écartelé d’argent et …, écus surpeints (dragon de Jean Ier, comte de Foix ?) ; mot: Il y bel tet (?) cf. Inès Villela-Petit, p. 24-44, et Peter F. Ainsworth, « Deux cycles d’illustrations … », p. 46-89.
91 La présence du duc de Bourbon plutôt que du frère du roi pourtant mort au combat semble tenir à l’intervention du commanditaire du manuscrit Jean Ier de Foix, qui fait une longue carrière méridionale et se trouve dans la même mouvance politique que la Maison de Bourbon.
92 Sur le Paris, BnF, ms. fr. 2799: Joseph B.B. Van Praet, Paris 1831, Chap. II ; Cat. des manuscrits, p. 482 ; Georges Doutrepont, La littérature à la cour de Bourgogne, Paris, 1909, p. 423 ; Pierre Cockshaw, Miniatures en grisaille, cat. de l’exposition de la Bibliothèque royale de Bruxelles, 1986, p. II-VI ; Paul Philippot, « Les grisailles et les degrés de réalité de l’image dans la peinture flamande des XVe et XVIe siècles », Bulletin des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 15, 1966, p. 231 ; Suzanne Sulzberger, « Notes sur la grisaille », Gazette des Beaux-Arts, 1962, p. 119 ; Claudine Lemaire et Reginald De Schryver, Vlaamse Kunst op perkament, n° 116 ; Maximiliaan J.P. Martens, Lodewijk van Gruuthuse, inv. 127, p. 140 ; Michaela Krieger, Grisaille als Metapher. Zur Entstehung der Peinture en Camïeu im frühen 14 Jahrhundert, Vienne, 1995 (Wiener Kunstgeschichtliche Forschungen, Bd. VI); Manuscrits enluminés des anciens Pays-Bas méridionaux, t. 1, Manuscrits de Louis de Bruges, p. 65 à 69, notice 13.
93 Le premier, protégé par un bouclier à umbo, est armé d’une épée et le second d’un fauchard.
94 Paris, Arsenal, 5187, fol. 135 verso. Joseph Barrois, Bibliothèque protypographique ou Librairie des fils du roi Jean, Charles V, Jean de Berri, Philippe de Bourgogne et les siens, Paris, Treuttel et Würtz, 1830, t. 1 (n° 1893), p. 270 et t. II (n° 1700), p. 243 ; Henry Martin, Cat. des manuscrits de la Bibl. de l’Arsenal, t. V, Paris, Plon, 1889, p. 113 à 115 ; Georges Doutrepont, p. 426 ; Paris, Arsenal, Exposition 1980: Trésors de la bibliothèque de l’Arsenal ; Henry Martin et Philippe Lauer, Les principaux manuscrits à peintures de la bibliothèque de l’Arsenal à Paris, Paris, 1929. Le destinataire reste inconnu. La date de fabrication, entre 1467 et 1487 et le style qui laisse supposer que le manuscrit a été réalisé à Bruges, par des miniaturistes plus ou moins proches de Loyset Liédet, le rapprochent du ms. de Breslau. Le manuscrit apparaît en 1487 dans l’inventaire établi sous Philippe Le Beau. Ce manuscrit est le plus célèbre: Der Breslauer Froissart, von Arthur Lindner Festchrift des Vereins für Geschichte der bildenden Künsts zu Breslau, zum fünfzigjährigen Jubilaüm verfasst im Aufrage des Vereins, Berlin, Meisenbach, Riffarth und C, 1912 ; Salomon Reinach, « Le manuscrit des Chroniques de Froissart à Breslau », Gazette des Beaux Arts, p. 371-373 ; Marie-Laetitia Le Guay, p. 47.
95 Il tient un écu: barré d’or et de gueules à sept pièces, peut-être une allusion aux rois de Majorque qui portent: d'or à trois pals de gueules. Les rois de Majorque étaient des cadets des rois d'Aragon.
96 Paris, BnF, ms. fr. 2651, fol. 189, XVe s., 7 dessins à la plume, cf. George T. Diller, Attitudes chevaleresques et réalités politiques chez Froissart, Microlectures du premier livre des Chroniques, Droz, 1984, p. 165-169 ; Marie-Laetitia Le Guay, p. 27, 349.
97 Londres, British Library, Sloane, ms. 2433, A, B, C, fol. 169 verso, Maître de l’Histoire ancienne jusqu’à César, Paris, vers 1410-1420. Cf. Millard Meiss, French painting in the time of Jean de Berry: The Limbourg Brothers and their Contemporaries (New York, 1974), p. 25, n. 62 ; Anne D. Hedeman, The Royal Image..., p. 226-228 ; Janet Backhouse, The Illuminated Page: Ten Centuries of Manuscript Painting in the British Library, Londres, BL, 1997, n°118 ; Paris 1400: Les arts sous Charles VI, Paris, RMN, 2004, n° 164 notice de François Avril, p. 268: le Maître de l’Histoire ancienne jusqu’à César, peintre néerlandais, au style caustique et dynamique, tire son nom de l’Histoire ancienne jusqu’à César (Londres, BL, Stowe 54); on lui doit aussi l’Ovide moralisé de Jean de Berry (Paris, BnF, ms. fr. 373).
98 Joseph Petit, Luxembourg dans les Grandes Chroniques de France, Luxembourg, éd. imp. Saint-Paul, 1982.
99 Saint-Pétersbourg, Erm. fr. 88, fol. 421. Barrois, p. 234, n° 1638 ; Salomon Reinach, « Un manuscrit de Philippe le Bon à la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg », Gazette des Beaux-Arts, n° 29, 1903, p. 265-278 et n° 30, 1903, p. 53-65, 371-380 et Alphonse Bayot, « Sur l’exemplaire des Grandes Chroniques offert par Guillaume Fillastre à Philippe le Bon », Mélanges Godefroid Kurth, Paris, 1908, 2, p. 183-190. En dehors de Paris, les manuscrits illustrés des Grandes Chroniques de France dans la seconde moitié du XVe s. ont une audience dans les cours, comme cet exemplaire, commandité par Guillaume Fillastre et décoré par Simon Marmion, pour être présenté au duc de Bourgogne dans les années 1450. Ces manuscrits non-parisiens illustrent l’Histoire de France sans subir les mêmes contraintes que les manuscrits contemporains parisiens. Ils sont caractéristiques d’un goût nouveau pour ce genre de texte en particulier à la cour de Bourgogne. Anne D. Hedeman, The Royal Image..., p. 181 ; Maurice Hénault, « Les Marmion (Jehan, Simon, Mille et Colinet), peintres amiénois du XVe siècle », Revue archéologique, IX, 1907, p. 119-140, 283-304 et 410-424 ; X, 1908, p. 108-124 ; Friedrich Winckler, « Simon Marmion als Miniaturmaler », Jahrbuch der königlich preussischen Kunstsammlungen, XXXIV, 1913, p. 251-257 ; Friedrich Winckler, « Die nordfranzösische Malerei im 15 Jahrhundert und ihr Verhältnis zur altniederländischen Malerei », in P. Clemen, Belgische Kunstdenkmäler, 1, Munich, 1923, p. 250-251 ; Paul Durrieu, La miniature flamande au temps de la cour de Bourgogne (1415-1530), Paris, Bruxelles, 1921, p. 27 ; Friedrich Winckler, Die flämische Buchmalerei des 15 und 16 Jahrhunderts, Leipzig, 1925, p. 39-40, 199 ; Alexandre de Laborde, Les principaux manuscrits à peintures conservés dans l’ancienne Bibliothèque impériale publique de Saint-Pétersbourg (Société de reproductions de manuscrits à peintures), Paris, 1938, p. 94-98 ; Léon M.J. Delaissé, Cat. de l’expo. : La miniature flamande. Le mécénat de Philippe le Bon, Bruxelles, Amsterdam, 1959, n° 59 ; Galia A. Tchernova, Miniatury Bolchikh Francuskikh Khronik, Moscou, 1960 ; Édith W. Hoffmann, « Simon Marmion reconsidered », Scriptorium, XXIII, n° 2, 1969, p. 243-272 ; Édith W. Hoffmann, « Simon Marmion or ‘the Master of the Altarpiece of Saint-Bertin’ : A problem in attribution « , Scriptorium XXVII, 1973, p. 273, 278, 283 ; Sandra Hindman, « The case of Simon Marmion : Attributions and Documents », Zeitschrift für Kunstgeschichte, 40, 1977, p. 185-204 ; Tamara Voronova, Les Grandes Chroniques de France. Enluminures du XVe s., Saint-Pétersbourg, 1980; Georges Dogaer, Flemish Miniature Painting in the 15th and 16th Centuries, Amsterdam, 1987, p. 51, 53, 55 et 185 ; François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, Paris, BnF, Flammarion, 1993, n. 36, p. 82-84 ; Anne-Marie Legaré, « L’héritage de Simon Marmion en Hainaut, 1490-1520 », Valenciennes aux XIVe et XVe siècles, p. 201-224 ; Tamara Voronova, Andreï Sterligov, Les manuscrits enluminés occidentaux du VIIIe au XVIe s. à la Bibliothèque nationale de Russie de Saint-Pétersbourg, Bournemouth, Saint-Pétersbourg, Parkstone, Aurora, 1996.
100 Le Paris, BnF, ms. fr. 76 est le troisième volume de l’exemplaire complet des Anciennes Chroniques d’Angleterre de Jean de Wavrin (Paris, BnF, ms. fr. 74-85): Cat. des mss. fr., t. 1, Paris, 1868, p. 5 ; Georges Doutrepont, p. 404 ; Joseph B.B. Van Praet, Recherches sur Louis de Bruges, Paris, 1831 (XCV) et Vlaamse kunst op perkament, p. 207-229 (53) ; Maximiliaan J. P. Martens, Lodewijk van Gruuthuse, inv. 63, p. 121. Manuscrits enluminés des anciens Pays-Bas méridionaux, t. 1, Manuscrits de Louis de Bruges, notice 70, p. 257 et 262 à 264. Sur Jean de Wavrin : Gustave Masson, Early Chroniclers of Europe: France, London, Society for Promoting Christian Knowledge, 1879 ; Jean Porcher, « Les peintres de Jean de Wavrin », Revue française de l'élite européenne, 77, 1956, p. 17-22 ; Gilbert Ouy, « Jean de Wavrin, le maître aux équerres », Horizons: la revue de la paix, 105, 1960, p. 63-73 ; Antoinette Naber, « Jean de Wavrin, un bibliophile du quinzième siècle », Revue du Nord, vol. 69, n° 273, 1987, p. 281-293 ; Antoinette Naber, « Les manuscrits d'un bibliophile bourguignon du XVe siècle, Jean de Wavrin », Revue du Nord, vol. 72, n° 284, 1990, p. 23-48 ; Antoinette Naber, « Les goûts littéraires d'un bibliophile de la cour de Bourgogne », Courtly Literature: Culture and Context, éd. Keith Busby et Erik Cooper, Amsterdam et Philadelphia, Benjamins, 1990, p. 459-464 ; Zingel, Michael, Frankreich, das Reich und Burgund im Urteil der burgundischen Historiographie des 15. Jahrhunderts, Sigmaringen, Thorbecke (Vorträge und Forschungen, Konstanzer Arbeitskreis für mittelalterliche Geschichte, Sonderband 40), 1995.
101 Paris, BnF, ms. fr. 87, fol. 117, second volume, vélin, XVe s., Cat. des manuscrits français, t. 1, Paris, 1868, p. 5.
102 Besançon, BM, ms. 864, fol. 138, début XVe s., t. 1, 399 ff, 360 x 270 mm, 4 grandes peintures, 25 miniatures (85 x 70 ou 120 mm). Sur les caractéristiques du manuscrit cf. Godfried Croenen, p. 45. L’illustration du premier volume est due au Maître de Giac, celle du second volume, ms. 865, au Maître de Boèce; cf. Peter. F. Ainsworth, « Deux cycles d’illustrations … », p.46-89, mais aussi Auguste Castan, « Étude sur le Froissart de Saint-Vincent de Besançon », BEC, 6ème série, t. I, 1865, p. 114-148 ; Maurice Piquard, « Les manuscrits de la famille Granvelle à la Bibliothèque de Besançon », Studi di bibliografia e d’istoria in onore di Tammaro de Marinis, Vérone, 1964 ; Christopher T. Allmand, War, Literature and Politics, p. 202 ; René Doumic, « Les chroniques de Froissart et les débuts de l’Histoire de France », Revue des deux mondes, t. CXXV, 194, p. 923-925 ; Auguste Molinier, Les sources de l’Histoire de France, Paris, t. II, 1902, p. 12 ; Peter F. Ainsworth, « A Parisian… », p. 130 n. 7, 140 n. 38, 145 n. 48.
103 Fol. 1 et sq: de sable semé de trèfles d’argent au léopard lionné du même, et parti d’azur à trois broies d’or; tenant: ange ; cimier: tête de maure ; mot: Nulle aultre. Peter F. Ainsworth, « A Parisian … », p. 139 sur la personnalité du commanditaire.
104 Peter F. Ainsworth, « A Parisian … », p. 127-151. Inès Villela-Petit, « Le Maître de Boèce et le Maître de Giac, enlumineurs de la guerre », p. 36 à 41, en particulier p. 41.
105 Sur l’organisation des bannières dans ces marges, cf. Peter F. Ainsworth, « A Parisian… », p. 146 à 151.
106 Seules les rênes du cheval d’Édouard III diffèrent.
107 Léon Mirot, « Notes sur un manuscrit de Froissart et sur Pierre de Fontenay, seigneur de Rance son premier possesseur », BEC, lXXXIII (1922), p. 297-330, (308).
108 Contourné en héraldique signifie que l’animal de profil au lieu d’être tourné vers la dextre de l’écu est en fait tourné vers sénestre. Cela se dit des animaux représentés debout ou rampants, ou de leurs têtes, et des animaux passants. Ils sont alors dits contrepassants. La règle s’applique à tous les meubles tournés à sénestre.
109 L’absence de la bannière du roi (pourtant figurée dans quatre manuscrits: Paris, BnF, ms. 2643, fol. 165 verso, Paris, Arsenal, ms. 5187, fol. 135 verso, Saint Pétersbourg, Erm fr. 88, fol. 421, Paris, BnF, ms fr 87, fol. 117) et d’écu fleurdelisé (Londres, BL, Cotton Nero E II, part. 2, fol. 152 verso) est peut-être ici une manière d’indiquer que si le roi dirige les opérations, il ne participe pas physiquement au combat.
110 Comme on l’a déjà vu: Paris, BnF, ms. fr. 2662, fol. 150 verso, Toulouse, BM, ms. 511, fol. 104, illustrés par le Maître de Giac.
111 Pierre Ier de Bourbon (1311-1356), duc de Bourbon (1342-1356).
112 Guillaume Ier de Namur (1324-1391), marquis de Namur.
113 Amédée VI le Vert (1334-1383), comte de Savoie (1343-1383), d’Aoste, de Maurienne.
114 Eudes IV de Bourgogne (1295-1349), duc de Bourgogne de 1315 à 1349, comte de Bourgogne et comte d’Artois de 1330 à 1347.
115 Les armes anciennes de Bourgogne sont : bandé d’or (3) et d’azur (4).
116 Ce sont les armes de Champagne; celles de Louis II de Sancerre sont : d’azur à la bande d’argent côtoyée de deux doubles cotices potencées et contrepotencées d’or, un lambel de gueules à trois pendants brochant sur le tout. Louis II de Sancerre (1305-1346), mort à Crécy, est le père du connétable Louis de Sancerre (1341/2-1403) son deuxième fils.
117 Humbert II, né en 1312, est dauphin de Viennois de 1333 à 1349, il décède en 1355.
118 Philippe de Bourgogne (1323 - 10 août 1346 à Aiguillon) dit Philippe Monsieur, comte d’Auvergne et de Boulogne, fils d’Eudes IV de Bourgogne et époux depuis 1338 de Jeanne Ière, comtesse d’Auvergne et de Boulogne. Il meurt au siège d’Aiguillon, suite à une chute de cheval alors qu'il franchissait un fossé.
119 Louis Ier de Flandre, dit Louis de Dampierre, Louis de Nevers ou Louis de Crécy (vers 1304 - tué à Crécy) comte de Flandre de 1322 à 1346, seigneur de Malines, fils de Louis Ier de Dampierre, comte de Nevers et de Jeanne, comtesse de Rethel.
120 Louis Ier de Blois-Châtillon, comte de Blois, de Dunois et de Fréteval est tué à Crécy. Il est le neveu de Philippe VI de Valois.
121 Jean d’Harcourt, tué à Crécy, est comte d’Harcourt, comte d’Aumale, vicomte de Châtellerault, vicomte de Saint-Sauveur, baron d’Elbeuf.
122 Robert V de Wavrin épouse en 1349 Isabeau de Fiennes et décède en 1360.
123 La maison devient, après 1389, la maison de La Tour d’Auvergne.
124 Édouard de Woodstock a pour armes : écartelé en I et IV d’azur semé de fleurs de lys d’or et en II et III de gueules aux trois léopards d’or au lambel d’argent à trois pendant brochant sur le tout, qui sont une brisure des armes d’Édouard III. Ici le refus des armes de France est tout politique.
125 Les enluminures sont numérotées par ordre d’apparition dans le texte.