celebroit on une grant procession a Bruges,
si y avoit plus de gens en la ville que nulle
autre fois de l’an. Si commença le murmeure
a monter parmy la ville des Gantois tant
que les nouvelles en vindrent au conte.
"Or," dist il, "arons nous maintenant la fin de
la guerre, car jamais pié n’en retournera."
Et quant il ot oÿe sa messe, chevaliers et escuiers
venoient a lui armés et appareilliés de tou
tes pars pour sçavoir la voulenté du conte.
Et il les recevoit bel et liement en leurs
disant: "Nous yrons tantost combatre ces mes
chans gens. Ilz aiment mieulx a mou
rir par espee que par famine." Adonc fut con
seillié que on envoyeroit trois hommes
d’armes chevaucheurs sur les champs
pour advisier le convenant de ceulx de
Gand et comment ilz se tenoyent ne quel
le ordonnance ilz avoyent. Sy furent
du mareschal de Flandres ordonnéz trois
vaillans hommes d’armes escuiers pour
les aler advisier, Lambert de Lambres,
Damas de Bussy et Jehan du Beart, et par
tirent tous trois de Bruges et pristrent les
champs montéz sur fleurs de coursiers,
et chevauchierent vers les annemis. En
trementres que ces trois faisoient ce dont
ilz estoyent chargiéz, en Bruges toutes
manieres de gens s’armerent en tresgrant
voulenté de yssir hors pour combatre les
Gantoys, desquelz je parleray un petit
et de leur ordonnance. Ce samedy au ma
tin, Phelippe d’Artevelle ordonna que toutes
gens se meyssent envers Dieu et que mes
ses feussent en plusieurs lieux chantees,
car il avoit la en leur compaignie des fre
res religieux, et aussi que chascun se confes
sast et adreçast a son loyal pouoir et se
meissent en estat deu ainsi que gens qui
attendent la grace et la misericorde de Dieu.
Tout ce fut fait, on celebra en l’ost en VII pb 103 v