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descendre de couraige, car vous estes en France ung plus haulx pors qui y soit; et la ou vous vouldriéz demourer daléz luy amiablement, vous trouveréz en lui toutte amour et courtoisie; et vous vouldréz demourer daléz luy aimablement, vous trouveréz en luy toutte amour et courtoisie, et vous verra aussy voulentiers daléz luy que seigneur nul qui soit tenables de luy. Sy vous prye, monseigneur, que a touttes ces choses vous vueilliéz entendre et descendre tant que monseigneur le roy et nous, qui sommes de son lignaige et du vostre, vous en sachons gré." ¶ Le duc de Bretaingne respondy a touttes ces parolles presentes et monstra par ses responses qu’il n’estoit pas bien encoires conseilliet. Si dist: "Biaux cousins, nous savons bien que tout ce que vous nous dittes et monstréz, c’est en espesse de bien, et ainsy nous le retenons et nous y penserons, car nous n’y avons pas encoires bien pensé; et vous, demouréz daléz nous tant comme il vous plaira, car vostre venue nous fait grant plaisir." ¶ Aultre response ne pooit avoir le conte d’Estampes pour le present, mais il demoura deléz le duc de Bretaingne, et estoit son corps logiéz en son hostel.

Environ XV jours fut le conte d’Estampes en la cité de Vennes et en la marche de Vennes deléz le duc de Bretaigne qui luy monstroit tres grant amour et grant compaignie, et luy monstra le bel et le plaisant chastiel de l’Ermine, qui siet asséz prez de Vennes, lequel le duc avoit fait nouvellement edefier, machonner et ouvrer et y prendre une partie de ses delis. Et le conte a le foiz cuidoit le duc trouver en bonnes, il luy remonstroit doulcement et saigement ce pourquoy il estoit la venus, et le duc couvertement tousjours respondoit, mais sus ses responses on n’y pouoit point adjouter foy ne grant seurté de faire nulle restitucion des C mille frans et des chastiaulx qu’il tenoit du connestable. Nequedent en la, par fin il le fist, mais ce fut sans parolle, sans priere et sans nulle requeste de nulluy, quant on s’en donna le moins de garde, si comme je vous donray a cognoistre tout en tretant de la matiere et selon ce que je fuy infourméz. SHF 3-256 sync ¶ Quant le conte d’Estampes vey qu’il sejournoit la et riens n’esploittoit, si se avisa que il prenderoit congié au duc et retourneroit en France devers le duc de Berry qui la l’avoit envoyé. ¶ Si prist congiet au duc; le duc luy donna amiablement pb 270 r