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et messire Jehan de Buel et dist : ¶ "Sire duc, nous sommes icy envoyéz depar le roy nostre sire et nos seigneurs ses oncles, monseigneur de Berry et monseigneur de Bourgoingne, pour vous dire et monstrer qu’il leur tourne a grant merveille pourquoy le voyaige de mer qui se devoit faire en Angleterre vous avéz rompu par la prinse et arrest de celluy qui en estoit chief et qui en avoit la souveraine charge, monseigneur le connestable. Et avec tout ce que vous l’avéz raençonné de mise si avant que il s’en deult grandement, et oultre voulut avoir troix de ses chastiaux encoires clos en Bretaingne qui pourroient grandement nuirre le demourant du paÿs, se il leur estoit contraire, avecques l’aide de la ville de Jugon de laquelle de l’iretaige du connestable vous avéz volut avoir. ¶ Si sommes chargiéz de vous dire, et le vous disons, jou pour mes seigneurs mes compaingnons qui sommes cy depar le roy nostre sire et nos seigneurs messeigneurs ses oncles, que vous retourneréz ariere a messire Olivier Olivier de Cliçon, connestable de France, son hiretaige que vous tenéz et l’en mettéz en possession paisible, ainsi que droitz est et comme il estoit en devant quant ilz vous furent bailliéz et delivréz par contrainte, non par nulle action de droit que vous y eustes; et aussi la mise de l’argent toute entiere

luy restituéz plainement la ou il luy plaira a avoir. Et de ce que vous avéz fait, c’est la parolle du roy et de son conseil que vous venéz excuser a Paris ou la ou il plaira au roy et a son conseil. Nous le tenons si doulz et si pacient, et avec ce que vous estes de son sang, qu’il orra voulentiers vostre escusance et, se il n’est pas bien raisonnable, si le amoienneront ilz et adoucheront a leur pouoir nostre deux seigneurs, monseigneur de Berry et monseigneur de Bourgoingne, et feront tant par priere ou autrement que vous demourréz amis et cousin au roy et a eulx, ainsi comme par raison vous devéz estre." Dont se tourna l’evesque sus messire Jehan de Vianne et luy demanda: "Est ce la vostre parolle?" Il respondi et dist: "Sire, oÿl." Et ainsi fist messire Jehan de Buel. ¶ A ces parolles dire et monstrer en la chambre du duc n’y avoit ne plus que eulx quattre. Quant le duc de Bretaigne ot oÿ parler l’evesque de Lengres, il pensa ung petit, et bien y ot cause qu’il fust pensieus, car les parolles dictes et monstrees faisoient bien a gloser; et, quant il parla, il dist: "Sire, j’ay bien entendu ce que vous avéz dit et c’est raison que je y entende, car vous estes yci envoiéz depar monseigneur le roy et messeigneurs ses oncles; sy pb 205 v