point, fuist en
Portingal ou ailleurs, qu’il n’eust pas pris le dommaige que il prendera, car
tous mourrons de celle povre morille et sans cop ferir."
¶ Messire Jehan de Hollande qui tout ce veoit et entendoit, et auquel en partie
touchoit pour l’amour et honneur de
son seigneur le duc de Lancastre, laquelle fille en mariaige il
avoit
grant pitié. Et tant se monteplierent les parolles qu’il se prist prez de parler au duc et
luy remonstrer vivement et mieulx que nulz autres. Si vint a luy et
luy luy dist: "Monseigneur, il vous convient
avoir nouvel conseil et brief. Vos gens sont en trop dur party de mort et de maladie. Se
besoing vous en sourdoit, vous vous n’en pourriéz aydier, car ilz sont si lassé et hodé et mal
gouverné, et tous leurs chevaulx mort, et sont gentilz et vilains si descouraigiéz pour celle
saison, je le vous dy, que nul bon service n’y devéz vous entendre."
¶ Dont respondy le duc: "Quelle chose est bonne a faire? Je vueil croire conseil,
c’est raison." "Monseigneur", dist le connestable, "le
meilleur est que vous donnéz congiet
toutes manieres de gens pour retraire la ou le mieulx leur plaira, et vous meismes que vous
vous retraiéz soit en
Galisse ou en
Portingal, car vous
n’estes pas en point de chevauchier." "C’est voir", dist le duc, "et
je le vueil. Dictes leur depar nous que je leur donne bon congié de retraire la ou le mieulx il
leur plaira, soit
en
Castille, soit en France, sans
faire nul villain traittié envers nos ennemis. Je voy bien que pour celle saison nostre guerre est
faillie; et comptéz doulcement a tous et si avant comme le vostre peut courrir ne estendre pour
paier leurs menus frais; si leur faictes faire par vostre chancellier deliverance."
Respondy le connestable: "Je le feray voulentiers."
Messire Jehan de Hollande fist signifier a la trompette par tous les logeiz
des seigneurs que telle estoit l’intencion de monseigneur de Lan
castre,
qu’il donnoit a touttes gens congié de retraire la ou le mieux il leur plairoit, et vouloit que les
cappitaines venissent parler et compter au connestable; et ilz seroient tous satisfait
tant que bien leur devroit souffire.
SHF 3-209 sync
¶ Ces nouvelles resjoÿrent pluseurs qui desiroient a partir pour recouvrer santé et mutacion de
nouvel air. Dont eurent les barons et chevaliers d’
Angleterre ordonnance
comment ilz s’en cheviroient de retourner en
Angleterre. Par mer ce leur
estoit impossible, car ilz n’avoient nulle navie preste et estoient trop long du Port; aultrement, ilz estoient si chargiéz et empeschié, eulx et leurs gens, de maladie de
cours de ventre ou de fievre que ilz estoient mort a moittié, et ne pourroient nullement
souffrir, ne porter les painnes ne les dangiers de la mer.
¶ Tout consideré, le plus propice qui leur estoit, c’estoit que ilz se mesissent au retour par
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