et le duc demoura a
Besances et touttes ses gens avecques luy ou la environ, et ordonnerent
leurs besoingnes pour chevaulchier hasteement; car le sejours leur annoioit pour tant
que on estoit ou joly mois d’avril, que les herbes estoient ja touttes meures en
Galisse et en
Castille, et le bled en grain et les fleurs en fruit; car le paÿs est si
chault que, a l’entree du moys de jung, l’aoust y est passéz. Si se vouloient delivrer
de esploittier et de querre les armes entreus qu’il y faisoit si bon et si bel, car ce estoit ung drois
souhait de estre sus les champs.
¶ Or parlerons nous ung petit de l’ordonnance des
François et du roy
de Castille, autant bien que nous avons parlé des
Anglois.
SHF 3-151 sync
Vous savéz comment messire
Guillaume de Lignac et
messire Gauthier de Pasach firent tant par saigement
traittier que le conte de Foix laissa paysiblement passer eulx et leurs routtes parmy son paÿs de Berne pour aller en
Castille. Encoires donna le conte
en dons frans de sa voulenté, car il n’y estoit point tenu s’il ne vouloit, aux chevaliers et aux
escuiers qui passerent parmy la
ville d’Orthais et qui l’alerent veoir en son chastel et compter des nouvelles, grans dons et beaux: l’un C, l’autre CC, et l’autre L, l’autre trente, l’autre quarante florins, selon ce qu’ilz
estoient. Et cousta bien au conte de Foix le premier passaige, selon ce que depuis les tresoriers me dirent a
Orthais, la somme de X
M frans, sans les chevaulx et les
haguenees que il donna. Or prendéz le seigneur qui le face, ne qui le sceust ne le
voulsist faire. Au voir dire, tant en vueille bien encoires dire, c’est dommages quant
ung tel cuer de prince en viellist, ne a court il n’a nul marmouset
qui luy die:
"Ostéz, donnéz chy, donnéz la, prendéz cy et prendéz la." Nennil ne oncques n’en ot
nulz, ne ja n’ara; il fait tout de sa teste, car il sçavoit bien donner la ou il appartenoit et prendre
aussi la ou il appartenoit, car il estoit naturellement saiges. Et quoyque de ses dons et largesces
faire il travaille ses gens, c’est veritéz, car sa renommee n’est pas si grande que il se peuist estoffer
de donner les dons qu’il donne, bien tous les ans LX
M frans, de tenir son
estat, qui n’est pareil a nul aultre et de assambler pour les doubtes des aventures le grant tresor
qu’il assamble et a assamblé puis XXX ans, ou on trouveroit en la tour a
Orthais XXX fois cent mille frans. Si ne prient ses gens
aultre chose qu’il puist longuement vivre, ne ilz ne plaindent chose qu’ilz mettent en luy. Et leur
oy dire que au jour que il mourra, il y a en
Foix et en
Berne eulx
X
M qu’il vouldroient mourir aussy. Or regardéz: ilz ne
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