a vous pour savoir que vous vouldréz dire et faire, se bellement vous les recueilliéz ainsi que
bonnes gens doivent recueillir leur seigneur et damme, ou se vous vous feréz assaillir et prendre
de force. Sachiéz se vous estes pris de force que
vous seréz la dedens tous mis
a l’espee, par qui les autres si exempleront." Respondi le cappitaine: "Nous
ne voulons ouvrer fors que par rayson, et nous voulrions volentiers et loyaument acquitier envers
ceulx a qui nous sommes tenus: bien savons que madamme de Lancastre, madamme
Constance, fu fille au roy dan Pietre de Castille, et que se le roy dan Pietre fust demoré ou paÿs paisiblement, elle estoit droite hiretiere de
Castille. Or, sont depuis les choses muees autrement, car tout le
royaume de Castille
demora paisiblement et quittement au roy Henry, son frere, par la
bataille qui fu a
Mantuel, et jurames tous en ce paÿs a tenir le roy Henry a roy,
et y fu tenu tant comme il vesqui, et aussi jurasmes nous a tenir a roy le roy Jehan,
son filz, qui est a present. Si vous plaist, vous nous diréz quelle chose ceulx de La
Calongne ont dit ne fait envers vous, car il ne peut estre que ce mois que vous avéz la
sejourné et logié devant la ville, que vous n’aiéz euz aucuns traitiéz a eulx." Res
pondi messire Thomas Moriau: "Vous dittes voir; nous les
y avons voirement euz. Autrement nous ne nous en feussions pas passéz ainsi, quoyque la ville de La Calogne soit plus forte X fois que ceste ville. Je vous
diray quelle chose ilz ont fait envers nous. Les hommes de la ville tout quoiement se
sont composéz a nous, et ont dit ainsi, que ilz feront volentiers tout ce que vous feréz, mais, se
vous vous faites assaillir ne destruire, ilz ne le feront pas. Se le
paÿs de Galice se rent
a mon seigneur et a ma damme, ilz se rendent aussi, et de ce avons nous bons
plaiges par devers nous, qui bien nous souffisent." "C’est bien," respondi le cappitaine, "nous volons bien aussi tenir ce traitié. Il y a encores
ens
ou
royaume de Galice grant foison de cités et de bonnes villes; si chevaucheréz oultre,
et nous lairéz en paix et nous ferons si comme ilz feront. De ce nous vous baillerons plesges et
bons ostaiges." "Nennil," respondi le mareschal; "ce traitié que
vous mettéz avant ne souffisoit pas a monseigneur le duc ne a madamme
aussi, car ilz veullent venir logier en ceste ville et tenir leur estat, si comme seigneur et
damme le doivent tenir sur leur hiretaige. Si nous en respondéz briefvement lequel vous vouldréz
faire, ou se vous nous recueilleréz amiablement et
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