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avoecquez luy et ly demanda des nouvellez et comment il avoit exploitié. Phelippez
ly dist, qui riens ne li volt celler : "Par ma foy, Pietrez, a ce que messires de Flandrez a respondu
par ceulx de son conseil que il a envoiiet a Tournay, il ne prendera en la ville de Gand
nulluy a merchi, non plus l’un que l’autre." "Par ma foy !" dist Pietrez dou Bos, "il a droit
et est bien consilliéz de tenir ce pourpos et de enssi respondre. Car tout y sont
participant otant bien ly un que ly autre. Or suy je venus a me entente et a
l’entente de mon bon maistre Jehan Lion qui fu. Car la ville est si entoueillie
que on ne le scet par coron destouellier. Or nous faut prendre le frain as dens,
or vera on lez sagez et les hardis, en dedens briefs jours, la ville de Gand sera
la plus honnouree ville des crestiiens ou li plus abatue, a tout le mains, se nous
morons en ceste querelle, ne morons nous pas seulx. Or pensséz anuit, Phelippe,
comment vous leur puissiéz demain faire relation de che parlement qui a esté a
Tournay, par telle maniere que toutez gens se contentent de vous. Car vous estez
grandement en la grace de tout le peuple par deus voiez, ly une si est pour la
cause dou non que vous portéz. Car moult amerent jadis en ceste ville Jaquemart
d’Artevelle, vostre pere
. Et li autre est que vous les aparléz doucement et
sagement, si com il le dient communalment parmy la ville, pourquoy il vous
creront, pour vivre et pour mourir, de tout che que vous leur remonsteréz et
que en fin de conseil vous leur diréz : "Pour le milleur, je feroie enssi." Pour
tant vous faut il que vous aiiéz bon avis et seur de remonstrer parolle ou
vous aiiéz honneur au tenir." "Pietrez," dist Phelippez, "vous ditez verité, et je
pensse tellement a parler et a remonstrer lez besongnez de Gand que entre
nous, qui en sommez gouvreneur a present et cappitainnez, y morons ou viverons
a honneur." Il n’y eut pour celle nuit plus dit ne fait, mais prissent congiet
l’un a l’autre. Pietres dou Bos retourna a son hostel. Et Phelippez d’Artevelle
demora ou sien.
SHF 2-270 sync Vous devéz savoir et croire veritablement que, quant chilz jours de
sirés fu venus que Phelippez d’Artevelle deut generallement recorder
lez nouvellez tellez que raporteez avoit dou parlement de Tournay, toutez
gens de la ville de Gaind se traissent ou Marchiet des Devenrez, et fu par
un merquedy au matin. Dou peuple qui la estoit asambléz, fu ly marchiéz
tous plains. Droit a IX heurez, Phelippez d’Artevelle, Pietrez dou Bos, Pietrez
le Vintre
, François Acreman et les cappitainez vinrent. Sy entrerent en la
halle et monterent amont. Adont se amonstra Phelippez as phenestrez,
qui commencha a parler et dist : "Bonne gent de Gant, il est bien voirs que,
a la priiere et traitié de tres honnouree, haute et noble dame madame de pb 118 v