pb 10 vseigneur le conte de Bloys, lequel me bailla ses lettres de familiarité adressans au conte de Foix et tant chevauchay en querant de tous coustéz nouvelles que par la grace de Dieu sans peril, et
sans dommage je vins en son hostel a Ortays ou paÿs de Beerne le jour sainte Katherine, l’an de Grace mil CCC IIIIXX et huit, lequel conte de Foix sitost comme il me vit, me fist bonne chere et me dist en riant en bon françois
que bien il me congnoissoit, et si ne m’avoit oncques mais veü. Mais plusieurs foiz avoit ouÿ
parler de moy. Si me retint de son hostel et tout aise avecques le bon moien des lettres que je luy
avoye portees tant comme il m’y pleust a estre, et fus la
informé de la greigneur partie des besongnes qui estoient advenues au royaume de Castille, de Portingal, de Navarre, d’Arragon et ou royaume de Angleterre, ou païs de Bourbonnoys et en toute la Gascongne. Et je mesmes quant je luy en demandoye aucune chose, il le me disoit moult voulentiers, et me
disoit bien que l’istoire que je poursuivoye seroit ou temps advenir plus
recommandee que nulle. "Raison pourquoy", disoit il "beau maistre? Puis cinquante ans ilz sont advenuz plus de faiz d’armes et de merveilles
ou monde qu’il n’estoit CCC ans avoit en devant."
Ainsi fus je en l’ostel au conte de Foix recueilly et nourry a ma plaisance. C’estoit que je desiroye a enquerre de toutes
nouvelles touchans a ma matiere et j’avoye a ma voulenté barons et chevaliers et escuier qui m’en
informoient et le gentil conte de Foix aussi. Si vous esclarciray par beau langage tout ce dont je fus d adoncques
informé pour acroistre ma matiere et pour donner aux bons exemple qui se desirent avancer par
armes. Car cy dessus j’ay prolugié grans fais armes et prises et
assaulx de villes et de chasteaulx, batailles et dures rencontres et encores en trouveréz vous grant
foison desquelles et des qu desquelx par la grace de Dieu je feray bonne et juste narration.
Vous savéz que quant Gap: samplingpb 14 r