The Hartlib Papers

Title:Memo On German Affairs In Hand ?, Anon., In French
Dating:undated
Ref:20/4/36A-39B: 39A-B BLANK
[20/4/36A]

                 Traduict de l'Alleman.
Si on considere bien l'affaire Palatine des son premier commancement et en toute sasuite, on trouvera, que ce ne fut pas par ambition que le Roy de Boheme Electeur Palatin defunct accepta la Couronne, ami que ce fut par vn vray zele de Religion, et par commiseration Chrestienne envers les Estats de Boheme opprimez par violence: y ayant estè jnduict par des personnes plus releuees, et exhortè par des Amys dans et hors l'Empirè; Chose que non seulement l'Angleterre ne desapprouva pas, mais aussy laquelle le Roy Iacques (.quoy qu'il ne le voulust pas faire ouvertment pour certains respects envers le Roy d'Espagne.) fauorisa et auanea couvertement; Et lors que le fils aisnè du Roy Frederic fut designè par lesdits Estats pour successeur de la Couronne apres luy, sa Majestè de la Grande Bretagne de functe tesmoigna l'auoir fort aggreable et en remercia lesdits Estats par ses lettres, congratulant au Roy de Boheme par autres lettres du 14me. de Iuin 1620. le bon heure de cette desigantion; Et pour certain si la fortune eust correspondu aux Conseils, tout eust estè tenu pour bien fait: Mais depuis qu'elle a tournè le dos, et que la bataille de Prague a estè perdue, les jntentions des Amys se sont changees, comme cela arriue ordinairement es Actions humaines; [Neantmoins?] le Roy Iacques embrassa l'affaire tant par Ambassades que par autres voyes, et s'obligea à diverses fois envers le Roy de Boheme fort estrocitement de le [restablir?] au Palatinat Electoral, en y exhorant mesmes ses trois Couronnes, pourveu qu'il voulut suivre les Conseils de sa Majeste et s'y conformer entierment, Ainsy qu'il appert par documens literaux qu'on a en [main?]; De sorte que le Roy Frederic par respect filial laissa faire Sad. Majestè en tout ce qu'Elle trouva bon d'entreprendre se reposant sur les Royales promesses d'jcelle. Mais tout a estè en vain, et par les practiques d'Espagne tournè à sa totale ruyne. Le Roy Charles à present s'est aussy seruj de la voye de douceur, et d'un soing tres-louable a tarchè tant par Ambassades que par tracitez, de redresser les affaires, Mais charcun, scait comme sà Majestè aussy bien que le feu Roy son Pere a estè eludee, est Elle mesme l'a deduict par son Manifeste publicè à cet effet, et approuvè par les Parlements d'Angleteere et d'Escosse, auec promesse et obligation d'assister sa Majestè de Conseil et de fait. Or la Declaration qu'il a pleu à sa Majestè faire, et par jcelle engager si solemnellement sa parole, et la reputation de ses Royaumes, a fait renaistre en vn chascun, specialement es autres Roys de la Chrestientè qui se sont jusques icy opposez à la puissance et Ambition de la Maison d'Austriche, et sur tout es Electeurs Princes et Estats de l'Empire Germanique exposez au danger de perdre la libertè de leur Religion et de leurs personnes, vne nouvelle[altered?] esperance de veoir par la concurrence effectuelle de sa Majestè et de ses Royaumes, les affaires Palatines redresses, et l'Electeur Charles Louys remis par main forte en la possession et jouissance de ses Estats et Dignitez, le ressouvenants auec combien de magnanimitè et de gloire la Royne Elisabeth defuncte coopera de son vivant à la deffence et conservation des Estats Protestants, et prenans toute ferme confiance que sa Majestè de la Grande Bretagne n'en fera pas moins;
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aussy scauent ils tres-bien, que sans la restitution du Palatinat Electoral, et ainsy par la reduction de l'equilibre et egalitè des Suffrages au College Electoral les Papistes, si le Duc de Bauiere y demeuroit, emportesoient le dessus en tout et par tout, par la pretendue pluralitè des voix; Et pourroient mesmes sans Armes, priuer petit à petit les Protestants de leur Religion et libertè, et apres les auoir subjuguè, employer auec assistance d'Espagne les forces de l'Empirè contre les Rois de dehors. L'Experience ayant monstrè clairement jusques icy, que tel est leur but, en ce qu'en continuant si longtemps vne guerre [sa?] sanglante et pernicieuse, Ils ne respirent que l'extirpation des Protestants et que tant plus ils ont la paix en la bouche et en la plume tant moins Ils l'ont au coeur. C'est ce qui se fait aussy paroistre en cette presénte Diette Imperiale; Et comme ledit Equilibre est tres jmportant aux Protestants, aussy, d'autre costé l'Auantage que les Papistes ont de la pluralitè des voix au College Electoral par le moyen du Duc de Bauiere, est si grand, qu'ils ne le quitteront pas sans y estre contraints par les Armes; Ioinct que l'affaire Palatine est rendue si difficile par le desmembrement du bas est du haut Palatinat, dont Bauirre, Espagne, Mayence, Spire, Darmstat et[altered] plusieurs Particuliers [onst?] tirè chascun son Morceau, est par les pretendus tiltres onereux de vente est d'achapt, confirmez par obligations reciproques, que quand bien l'Empereur voudroit faire quelque chose pour gratiffièr à Sa Majes de la Grande Bretagne ce seroit sans effect, veu que les Vsurpateurs ne se deporteroient à l'amiable de leur detention. Le Roy d'Espagne et le Duc de Bauiere ne se soueiants pas beaucoup de l'Empereur en cet endroict, ledit Duc des aussy tost qu'on parle de restitution, menacant de se tenir à son hypothecque de la haute Austriche: de sorte que l'Empereur craint de l'offencer de peu qu'il ne se joigne à la France, auec laquelle il est [desià?] cy deuant entrà en alliance, principalement affin de pouvoir par la faueur d'jcelle, se maintenir tant mieux en l'Electorat, lesquelles Circumstances, et celles d'vne longue experience en ce que depuis 20. ans en ca les Vsurpateurs ont grandement [affermj?] leur detention, ne permettent pas de douter, qu'ils en puissent estre debusquez par autre voye que par celle des Armes.
Et ne faut pas douter non plus que Sa Majestè et les Parlements d'Angleterre et d'Escosse n'ayent desià aduisè au moyen de les prendre en main auec fondement, s'en seruir auec ordre, et les continuer auec reputation, en y employants les expedients necessaires, et dirigeants leurs prudens conseils et louables actions à cette mesme fin, conformement à leur magnænime resolution, offre et declaration puis que leur honneur et reputation y est si fort jnteressee, et tellement amoindrie par le [mesprins?] qve Ennemy en a fuit, qu'il est jmpossible de la guarantir, releuer et establir sans les armes.
Or selon le jugement des plus entendus & mieux affectionez, l'occasion (bien
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que beaucoup de temps se soit desia escoulé auec perte de plusieurs opportunitez.) se presente encores à cet effet, pendant que la Couronne de Suede et la France continuent jusques à cette heure de faire la guerre à la Maison d'Austriche, et qu'elles ont acquis beaucoup de gloire et d'avantage par leurs Armes. Mais dautant quel'Empereur, ne cerche autre chose que de pouvoir jnduire ces Rois lá à la paix par Traictez pour leur faire mettre bas les Armes, Et qu'jceux ont desia consenti es tractez, lesquels pourroient bientost auoir leur progrez; Il ne faudroit plus perdre vne seule heure de temps, Ains tascher de reassumer et parfaire ceux qui ont desia estè mis sur le tapis, et de beaucoup auamez, principalement à Hambourg, pour conclure vne bonne Confederation. Car si cela ne se fait pas, et que les deux Royaumes viennent à faire la paix auec la Maison d'Austriche, sans la Cooperation de la Grande Bretagne, ce sera jndubitablement fait de la Maison Electorale Palatine, et ne sera plus au pouvoir de Sa Majestè de la Grande Bretagne seule, de la restablir quand biene elle formeroit et envoyeroit vne puissante Armee en Allemagne, Veu qu'alors Elle auroit à des mesler non auec la puissante Maison d'Austriche seule, ains auec tout le corps de l'Empire, contre lequel il ne luy seroit aueunement practicable de faire la guerre, d'outre Mer sans las concurrence desdits Rois et Potentats, et des Estats de l'Empire qui fienent encores leur partj.
Aussy peut on bien considerer et presupposer, que puis que lesdites Couronnes, ont fait jusques icy la guerre en Allemagne, et qu'Ils y ont consumè tant d'hommes et d'argent, sans aucune Assistance d'Angleterre, Elles n'obmettront pas d'accepter les meilleures et plus avantageuses conditions pour Elles et leurs Alliez que la Contrepartiè leur pourra desormais presenter pour leur bien et seuretè, sans en cela vouloir negliger leur commoditè pour le seul regard du Roy de la Grande Bret: et de ladite Maison Palatine, ou s'embarquer plus auant et se consumer en cette guerre, en faueur d'autres qui jusques icy n'en ont estè que les Spectateurs. Et partant affin de preuenir la totale ruyne de la Cause Palatine, Il est du tout necessaire d'y aduiser meurement, Et de communiquer au plus tost bien confidemment auec la Couronne de Suede (laquelle a desia cy deuant fait beaucoup pour ladite Maison Electorale Palatine, et se monstre encores bien affectionee.) et par l'entremise d'jcelle, tascher de faire et conclure ladite alliance auec ces deux Couronnes là. Car si cela se pouvoit effectuer auant qu'on entamast le Traictè de Ratisbónne, et que les Confederez fussent obligez de ne faire leur paix l'vn sans l'autre et sans y comprendre le Palatinat Electoral, et les autres Estats Protestans, il auroit beaucoup de poids. Et puis que lesdites deux Couronnes ont encores presentement leur Ambassadeurs à Hambourg, on pourroit en premier lieu faire communiquer par quelque personne entendue et capable auec le Sieur Salvius Ambassadeur de Suede, et par son moyen mettre tellement en train et acheminer toute l'affaire principalement en Suede, qu'il puisse tant plus faulement sortir son effect. Mais pour faire cette preparation il est entierment necessaire et expedient, que les Royaumes d'Angleterre et d'Escosse
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s'accordent tout au plustost de l'erection et entre tiennement d'vne Armee certainè et definie, affin de l'auoir toutjour preste, et l'employer tempestiuement la'ou les Confederez l'ordonneront par commun consentement. Car si ce [nesf?] de guerre ne paroist bientost, les ennemis n'auront aueune apprehension et les Amys ne croiront pas que Sa Majestè de la Grande Bretagne aye aueuné ferme et serieuse resolution d'entrer en confederation et en Armes pour faire quelque exploict jmportant. De sorte que l'affaire jroit de mal enpis, et seroit pour jamais du tout desespére. On appercoit desia, que depuis que le bruit court, comme si en Angleterre, on ne portoit pas la pensee à vne telle confederation et armement, ains plustost à vne expedition Navale aux Indes Occidentales, plusieux bons Patriotes commancent derechef à perdre courage, estant tres-certain et jndubitable, que si cela vient à esclatter à Ratisbone, la negociation de Mr l'Ambassadeur Rowe sera jnfructueuse, et [suiurè?] de plus de mespris et de mocquerie, que les Ambassades precedentes; Rien ne pouvant estre plus aggreable à l'Empereur, au Duc de Bauiere, et aux autres Vsurpateurs, que d'entendre qu'Ils n'one rien à craindre du costè d'Angleterre; Ils se roient bien contents que le Roy de la Grande Bretagne fist la guerre aux Indes vingt ou Trente ans et plus, de laquelle le commencement seroit dangereux et [l'eveement? altered] jncertain; Aussy servit ce chose fort peu honorable au Roy et à ses Royaumes, qui sont si notablement jnteressez en la Cause Palatine, de porter leurs Conseils à vn tel expedient, lequel conviendroit mieux à vne Compagnie de Marchands avanturiers. Le Palatinat Electoral n'a pas estè perdu es Indes Occidentales, Aussy ne s'y recouvrira-il pas ami c'est en Allemagne qu'il le faut cercher et trouver. Il y a maintenant summum periculum in mora, et faut y mettre la main promptement et à bon escient si on ne veut laisser aller tout en ruyne; L'Electeur de Brandenburg, les Ducs de Brunsuic et de Luneburg et la Landgravine de Hessen, qui ont jusques jcy tenu le bon party et fait leur mieux en cette Diette de Ratisbone en faveur de la Maison Electorale Palatine, se sont promis vne bonne resolution et reelle execution du costè d'Angleterre, et pour [ce?] regard, souffert jusques icy toute sorte d'extremitez, comme Ils font encores. Mais s'ils entendent les desseings concernants les Indes Occidentales, et voyent qu'il ne se face aucun armement en Angleterre, ou que de là il ny aye à attendre aucune Assistance ne concurrence en la Germanie, Ils quitterront la partiè par desespoir, et s'accommoderont auec l'Empereur, ou bien tasche ront de faire leur paix soubs la faveur de Suede et de France le mieux qu'ils pourront, remettans la restitution du Palatinat Electoral à la prouidence et miscericorde de Dieu; Et alors à qui en sera jmputè le blasme? Et quel effect aura le Manifeste Royal et la Protestation qui y est jnseree en termes si forts? Les Declarations
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et denunciations eventuelles de guerre facites par Monsieur l'Ambassadeur Rowe ne seroient elles pas coneuerites en risee? Et que diroient les pauvres gens et Subjects du bas et du haut Palatinat tant affligez et persecutez, les quels par les Ambassades envoyees si souvent tant par le feu Roy de glorieuse memoire, que par le Roy regnant vers l'Empereur auoient conceu quelque esperance de leur delivrance? Ils perdroient non seulement toute esperance pour l'advenir, mais aussy le reste de leur affection envers leur Prince Naturel, et par desespoir le jetteroient dans la Papautè pour y croupir à tousjours. Mais comme ainsy soit que tout cecy touche l'honneur et la conscience de sa Majestè de la Grande Bretagne et de ses Royaumes, et leur seuretè pour l'aduenir, on ne peut et ne doibt s'jmaginer, qu'Elle veuille ou doibue abandonner vne sj juste cause, ne laisser perir la Maison Electorale Palatine qui à l'honneur de luy estre si proche, ni la religion et la libertè des Electeurs Princes et Estats Euangeliques, Ains plustost, qu'Elle embrassera l'occasion sus mentionnee (.laquelle estant vne fois perdue ne se retrouvera plus.) et s'armera sans delay, tant pour attirer à soy l'affection et bienveuillance des Confederez, que pour se rendre considerable et formidable aux ennemys. Que si Elle le fait, il ne faut pas douter que les Electeurs Princes et Estats de l'Empire, qui sont entre la cruautè et l'esperance, ne reprennent vigueur, et ne continuent à adherer au bon party, par ou les Potentats qui font la guerre en Allemagne se laisseront tant plus faulement disposer à n'entrer en aucun accord de paix auec la Maison d'Austriche, que la restitution du Palatinat Electoral, et de ce qui en depend, n'y soit comprise; Cependant il seroit bièn necessaire de conforter par lettres ou autrement lesdits Electeurs Princes et Estats, en les asseurant d'vne concurrence et assistance reelle affin que paravanture. Ils ne se laissent porter à quelque autre resolution.
Quant aux Armements et à l'erection d'vne Armee, C'est à ceux qui ont la meilleure cognoissance des affaires d'Angleterre et d'Escosse, et l'experience de la milice, d'en donner leur aduis; En quoy, on represente seulement cette particularitè, que lors que le Roy Iacques l'an 1625. fit offre au Roy de Boheme d'vne Armee de douze mille hommes, et qu'on en confera auec Monsieur le Prince Maurice de de tres-heureuse memoire, Il estima et se fit fort, que si le Roy, fournissoit vn tel nombre de gens de guerre, et faisoit asseurer le payment d'jceux par le moyen des Marchants d'Amsterdam, on trouveroit facilement en Westphalie l'equivalant du Palatinat, pour le retenir jusques à vne pleine restitution dudit pays, Auquel cas il ne doutoit aucunement que Messieurs les Estats Generaux n'y contribuassent de leur costè toute sorte de bons offices. Pour lors les Rois de
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Suede et de France n'estoient pas encore embarquez en guerre contre la Maison d'Austriche et d'Espagne, comme Ils sont maintenant, qui n'est pas vn petit avantage pour pouvoir par conjonction d'armes paruenir finalement à vne bonne paix generale, et à la restitution du Palatinat Electoral. Et seroit fort à propos d'en faire communiquer au plustost auec Monsieur le Prince d'Orange moderne. Bref il faut sans procrastination mettre serieusement la main à l'oeuvre, Et le General Lesle. qui a cognoissance de l'Estat et de la guerre d'Allemagne, et qui est en bonne estime envers la Couronne de Suede, pourroit proposer les expediens à ce necessaires; L'jntention de ce dis cours n'estant pas d'entrer aux specialitez, ne de prescrire chose quelconque, ains de remettre le tout à vn plus sain jugement./.